Budget Pac : la décision du ministre fait vivement réagir
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Le 27 juillet, le ministre de l'Agriculture a annoncé un transfert, à hauteur de 4,2 % des montants des crédits du pilier I (aides à l'hectare) de la Pac vers le pilier II (soutien au développement rural, à l'installation, au bio…). Cette décision intervient, selon le ministre « après une consultation large des organisations professionnelles agricoles ». Au vu des nombreuses réactions suscitées, toutes négatives, c'est à se demander qui le ministre a consulté ! Pour la FNSEA : « Ce prélèvement est inacceptable quand de nombreux secteurs traversent une crise grave avec des prix de marché qui ne couvrent plus les coûts de production. L'ambition affichée du Gouvernement pour l'agriculture est-elle vraiment au rendez-vous ? C'est un très mauvais signal à l'heure du lancement des Etats Généraux de l'Alimentation ».
Même écho du côté de la CGB : « Cette décision, fruit de l'héritage du gouvernement précédent, est injuste et va encore accroître les distorsions de concurrence avec nos voisins européens. »
Pour les Chambres d'Agriculture, « ce transfert, de 312 M€ par an, va combler l'impasse budgétaire construite par le ministre de l'Agriculture depuis 2013. Et c'est aux agriculteurs d'en supporter les conséquences financières. C'est incompréhensible et inacceptable ». Les producteurs de lait « FNPL » ne veulent pas « être les banquiers du gouvernement », rappelant que le 20 juillet, le ministre leur avait promis « de trouver les compromis nécessaires pour faire vivre tous les modèles agricoles ».
La Fnab se demande également qui Stéphane Travert a écouté durant sa concertation, évoquant un « jeudi noir » pour la filière bio. Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab, souhaitait un transfert de 3 % du pilier I au pilier II, mais exclusivement pour le bio. « Aucune nouvelle conversion biologique ne sera possible », pronostique-t-elle.
La Fop, les JA et les producteurs de maïs ont également manifesté leur désaccord. Tous espèrent que l'ambition des Etats généraux de l'alimentation visant « à chaque agriculteur de vivre dignement de son travail » ne restera pas de l'affichage politique.
La France devrait notifier ce transfert à la Commission européenne dès le 1er août. Les conditions de sa mise en œuvre seront discutées avec les Régions, responsables de la gestion d'une partie des aides du pilier II. Le Ministre souligne que ces choix sont motivés par la volonté que les crédits de la PAC servent l'ensemble de l'agriculture française, avec une attention particulière aux zones les plus défavorisées et aux secteurs fragiles comme l'élevage, et accompagnent encore mieux les différents modèles de production.