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Charente-Maritime et Deux-Sèvres : création d’une chambre interdépartementale

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Les départements de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres n’auront plus, au 1er octobre 2022, leur Chambre d’agriculture propre. Celles-ci vont fusionner en une seule structure, la chambre interdépartementale d’agriculture, mutualisant leurs équipes. Cette évolution est essentiellement opérationnelle, les dimensions politiques et stratégiques restant à l’échelle de chaque département.

Crédit : Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres. - © D.R.
Crédit : Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres. - © D.R.

Un décret daté du 4 août valide la fusion de deux chambres d’agriculture départementales : celles de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres. La chambre interdépartementale d’agriculture qui en résulte sera officiellement créée à compter du 1er octobre 2022. Cette évolution est l’aboutissement d’un rapprochement de longue date, comme le rappelle le président de la Chambre des Deux-Sèvres, Jean-Marc Renaudeau : « La collaboration était déjà importante avant la réforme des Régions de 2015, quand nous étions deux chambres de l’ex-Poitou-Charentes. La construction d’un organigramme unique remonte à 2018, année depuis laquelle il n’y a plus qu’un directeur pour les deux chambres. »

L’implantation politique reste départementale

Sur les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime, 170 salariés accompagnent près de 10 000 exploitations. Les grandes cultures forment un tronc commun, mais chaque département présente ses spécificités, respectivement les filières d’élevage pour les Deux-Sèvres, et la viticulture et l’arboriculture pour la Charente-Maritime. L’idée est donc de laisser à chaque département sa liberté stratégique. «  Les budgets et les ressources humaines relèveront de la chambre interdépartementale, mais ils sont au service des choix effectués par chaque département », illustre Jean-Marc Renaudeau. Un autre objectif est de garder une implantation politique départementale. Les élus seront bien rattachés à leur département. Les mandats actuels sont d’ailleurs maintenus jusqu’aux prochaines élections, début 2025.

Une évolution avant tout opérationnelle

« Je serai le président de la chambre interdépartementale, et le vice-président sera l’actuel président de la Chambre de Charente Maritime, Cédric Tranquart, avec toute délégation de pouvoir sur son département », précise encore Jean-Marc Renaudeau. L’émergence de cette chambre interdépartementale ne sera donc pas brutal, mais une forme de continuité. Les responsables des deux chambres ont bien étudiés toutes les options pour que la principale évolution soit opérationnelle. « Nous gardons l’intégralité des deux effectifs, insiste Jean-Marc Renaudeau. Cela va permettre à nos agents d’être moins « couteaux suisses » pour développer des compétences plus resserrées. Les agriculteurs auront des interlocuteurs plus spécialistes. »

Un exemple qui pourrait faire des petits

Le concept de chambre interdépartementale n’est pas nouveau, « il existe depuis toujours dans le code rural », rappelle Jean-Marc Renaudeau. Il s’est d’ailleurs déjà développé, de manière plus où moins pérenne, en Alsace, dans l’ex-Nord-Pas-de-Calais ou en Île-de-France, où les chambres départementales relèvent d’un entité unique se fondant avec la Chambre régionale. Ce modèle reste rare, mais pourrait gagner du terrain. « Avec l’émergence de très grandes régions, ce fonctionnement en pôle prend du sens, glisse Jean-Marc Renaudeau. Différents responsables nous questionnent, en Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie ou Grand-Est. »

Chambre d’agriculture France voit d’ailleurs dans cette fusion le fruit d’une évolution de ses réseaux concourant a leur « modernisation ». Dans un communiqué daté du 5 août, la tête de pont des chambres affirme soutenir ce type de projet de restructuration avec pour objectif de définir « un schéma cohérent de répartition des compétences et des missions entre les niveaux régionaux et départementaux », tout en préservant un équilibre entre mutualisation et maillage territorial de proximité pour les agriculteurs.