Référence agro

 Covid-19 et biodiversité, les sénateurs pointent le rôle de l’agriculture et de l’alimentation

Le | Politique

Un consensus scientifique se dégage sur le lien entre la crise sanitaire et les atteintes à la biodiversité. La commission développement durable du Sénat s’est emparée du sujet le 20 mai. Elle a émis huit recommandations qui couvrent également les impacts de la crise sur la gestion de l’eau. Parmi elles : l’affichage environnemental des produits alimentaires.

 Covid-19 et biodiversité, les sénateurs pointent le rôle de l’agriculture et de l’alimentation
 Covid-19 et biodiversité, les sénateurs pointent le rôle de l’agriculture et de l’alimentation

Un consensus scientifique se dégage sur le lien entre la crise sanitaire actuelle et les atteintes aux écosystèmes. Pour en débattre le 20 mai, la Commission développement durable du Sénat a repris les conclusions de la plateforme intergouvernementale de l’IPBES.

L’élevage de volailles en cause

Selon les experts, 1,7 million de virus non identifiés existent encore chez les mammifères et les oiseaux aquatiques, 60 % des maladies infectieuses chez l’homme sont d’origine animale et 75 % des maladies émergentes sont des zoonoses. L’IPBES estime également que l’agriculture intensive, notamment l’élevage de monogastriques, a contribué à la propagation du virus, avec la déforestation, l’exploitation minière et des espèces sauvages.

Parce que la diversité des écosystèmes fonctionnels joue un rôle de régulation, les sénateurs recommandent d’identifier les secteurs économiques favorables à la biodiversité « pour ne pas subventionner de futures pandémies », de prioriser les investissements verts qui y sont favorables et de renforcer la recherche en la matière.

L’affichage environnemental pour lutter contre la déforestation

L’affichage environnemental des produits alimentaires doit également permettre, selon les sénateurs, de lutter contre la déforestation importée. « Nous n’avons en effet pas les moyens aujourd’hui de savoir si le cacao ou le soja que l’on achète provient de la déforestation », argumentent-ils. Ils prônent une autre approche de la consommation alimentaire : « le low-cost dans l’alimentation fragilise la santé des citoyens, appauvrit les agriculteurs et menace les sols. »

Dépasser l’objectif national des aires protégées pour 2030

Ils estiment également nécessaire de renforcer le réseau des aires protégées en France et en Europe, et de dépasser l’objectif national de 30 % d’ici à 2030. Sur le plan international, les sénateurs demandent un renforcement de la Convention sur la diversité biologique et d’étendre la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) à l’ensemble des espèces susceptibles de transmettre des maladies zoonotiques.

Par ailleurs, la Commission développement durable a étudié l’impact de la pandémie sur le secteur de l’eau. « La réduction très importante des travaux pendant la crise sanitaire et la sécheresse estivale à venir constituent des risques importants à maîtriser », estiment-ils. Ils demandent de sécuriser les agences de l’eau, maintenir l’ambition des Assises de l’eau et rehausser de 2 à 4 milliards d’euros par an le niveau des investissements pour le renouvellement des réseaux et l’adaptation au changement climatique.