Écophyto, le Nodu sur la sellette
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Gabriel Attal avait annoncé, le 1er février, la mise en pause du plan Écophyto, le temps entre autres de mettre en place un nouvel indicateur. Marc Fesneau a révélé, cinq jours plus tard, la volonté du Gouvernement d’abandonner le Nodu pour le remplacer par l’indicateur européen HRI 1.
Invité sur France Culture, le 5 février 2024 au matin, Marc Fesneau a affirmé que « l’écologie n’est pas du tout en pause » et est revenu sur le plan Écophyto et sa « mise à l’arrêt » temporaire. « Aucune molécule ne va être réautorisée dans cette pause, aucun changement sur les molécules et les produits phytosanitaires », a-t-il insisté.
Adopter l’indicateur européen HRI 1
Le ministre chargé de l’agriculture s’est attardé sur la raison de la « pause » annoncée par Gabriel Attal le 1er février, à savoir l’indicateur utilisé dans Écophyto, le Nodu (Nombre de Doses Unités), exclusivement français. « Contrairement à l’indicateur européen, il ne vient pas pondérer la réduction de la dangerosité du produit. Or, si on est un peu rationnel et scientifique, la priorité est de réduire les produits qui ont le plus d’impact sur la santé ou l’environnement. Dans le dispositif d’aujourd’hui, l’indicateur tel qu’il est construit valorise mieux un passage avec un produit toxique que deux ou trois passages avec un produit qui ne pose pas de problème de toxicité. »
Marc Fesneau compte donc, d’ici au Salon de l’agriculture, adopter l’indicateur de risque harmonisé HRI 1 européen, qui correspond à la somme des quantités de substances actives vendues, pondérée par les coefficients liés à leur classification, donc à leur dangerosité. « Si on veut comparer les trajectoires [de réduction de pesticides, ndlr] en Europe, il vaut mieux qu’on ait le même indicateur, sinon on va comparer des choux et des carottes et on va dire n’importe quoi », a-t-il par ailleurs expliqué.
Des avis divergents
Les débats autour du choix des indicateurs de suivi d’Écophyto ne datent pas d’hier et sont relancés. Générations Futures, dans un communiqué du 5 février 2024, rappelle son opposition à cet indicateur HRI 1, qui « discrimine le plus fortement les pesticides utilisés en agriculture biologique » et «
en cas d’interdiction de certains pesticides ». Pour l’ONG, si cet indicateur était utilisé, il « donnerait une fausse impression de baisse de l’usage des pesticides alors qu’Écophyto vise justement… à diminuer de 50 % l’usage des pesticides ! »Interrogé dans le 13/14 de France inter, le même jour, Philippe Michel, directeur des affaires réglementaires et juridiques chez Phyteis, s’est quant à lui montré favorable au HRI 1. « Le Nodu, pour nous, est un indicateur qui mesure essentiellement des volumes de substances ramenés à l’hectare. Mais ce qui est important, c’est que les risques soient diminués. C’est pour ça qu’un indicateur qui pondère le danger va dans le bon sens », a-t-il avancé.