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Expositions professionnelles aux pesticides : l’Anses préconise la baisse des utilisations

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L’Anses a présenté jeudi 28 juillet à Ségolène Royal son rapport sur les expositions professionnelles aux pesticides, sujet sur lequel l’agence s’était autosaisie en 2011. La ministre a salué le travail réalisé, rappelant que la « France se devait d’être exemplaire, et que trop longtemps, nous avons fermé les yeux sur l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides ». Elle souhaite par ailleurs retirer les autorisations de mise sur le marché des pesticides identifiés comme les plus toxiques par l’Anses.

Produire, collecter et partager les données

Premier constat sur ce sujet : le manque considérable de données. L’Anses insiste sur l’importance de collecter des données en situation réelle afin de mieux évaluer les risques. Il est essentiel d’apporter aussi des éléments sur les expositions à des mélanges de pesticides. L’enjeu est ensuite de centraliser et de partager au maximum les informations recueillies. Le volume 2 du rapport recense par exemple la littérature relative aux cas français d’exposition aux pesticides. « L’objectif est de créer un outil partagé accessible à tous », témoigne Catherine Laurent, présidente du groupe de travail à l’origine du rapport.

Réduire l’utilisation des produits pour diminuer l’exposition

Pour réduire les risques d’exposition, l’Anses préconise la réduction du recours aux pesticides. Elle invite notamment à revoir le plan Ecophyto 2 pour mettre en œuvre dès à présent une réelle politique d’accompagnement des acteurs à la réduction d’utilisation des pesticides, fondée sur la recherche d’une moindre dépendance des systèmes de culture et de production à ces produits. L’Anses souhaite que des études soient menées systématiquement sur la consommation des pesticides associée aux différents modes de production existant, et que ces résultats soient rendus publics.

Renforcer la formation et le conseil

Le rapport insiste aussi sur la nécessité de renforcer la formation sur les risques d’exposition ainsi que l’indépendance du conseil lié à l’utilisation des produits phytosanitaires. « Il faut soutenir la mise en place d’un cadre de conseil indépendant car beaucoup d’actions de conseils sont dispensées par les personnes en charge de la vente des produits de phytosanitaires, ce qui peut engendrer des conflits d’intérêts », souligne Gerard Lasfargues, directeur général adjoint scientifique à l’Anses. Stéphane Le Foll a rappelé dans un communiqué en date du 28 juillet qu’un certain nombre de mesures répondent déjà à ces préconisations de l’Agence comme le Certiphyto.

Moduler l’importance des EPI

L’Agence déplore par ailleurs que les politiques de prévention soient trop souvent centrées sur mesures de prévention relevant du comportement individuel, comme le port d’équipement de protection individuel (EPI) ou les mesures d’hygiène. Elle encourage à privilégier en premier lieu la substitution des produits à risques et les mesures de prévention collective. Des études de terrain indépendantes sont à prévoir pour évaluer l’efficacité des EPI, qui ont « montré leur limites », estime les rapporteurs.

Revoir les procédures de mise sur le marché

L’agence pointe le besoin de simplifier la réglementation et d’harmoniser les méthodes d’évaluation des expositions dans la procédure de mise sur le marché des pesticides. La construction des modèles utilisés pour le calcul des expositions n’est pas, selon l’Anses, assez clairement documentés. Elle préconise d’intégrer davantage les données produites par la recherche académique, les données de la statistique publique agricole ou encore des données de terrain.