Filière betterave/sucre : sortir de la crise à tout prix
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« Le secteur betteravier est en crise. Reste à savoir si celle-ci est devant ou derrière nous », interroge Franck Sander, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) en introduction d’une conférence de presse le 11 décembre à Paris. Fermetures d’usines, négociations musclées voire impossibles avec les sucreries, baisse des surfaces, chute des cours, crise de gouvernance au sein des coopératives, les difficultés se sont accumulées ces derniers mois.
Des leviers à activer sur cinq axes
Voilà pourquoi la CGB a présenté, il y a quinze jours, un plan de filière au ministre de l’Agriculture pour conforter la France comme leader européen dans la production de sucre et d’éthanol, mais surtout « redonner de la confiance à la filière et aux planteurs », souligne Franck Sander. Le plan comporte des leviers à activer sur cinq axes : l’amont agricole avec le renforcement de la compétitivité des exploitations, l’amélioration de celle des usines, la diversification des marchés, le développement de la logistique, la garantie de l’équité concurrentielle dans le cadre des échanges internationaux et enfin, l’image des produits et des pratiques liées à la production de sucre. « Nous attendons une vraie réponse et un chiffrage du ministre, notamment sur le volet innovation. Nous avons défini les axes sur lesquels nous devons travailler. Il faut désormais y mettre les moyens », insiste Pierre Rayé, directeur général de la CGB.
Sécuriser la contractualisation avec les coopératives
La CGB attendait des réponses du Gouvernement dès son congrès prévu le 17 décembre. Malheureusement, elle a été contrainte de le reporter au 15 janvier pour cause de grève. À cette occasion, les relations entre coopération et syndicalisme seront au cœur des discussions, et en particulier la question de contractualisation. « Même en coopérative, il faut un contrat avant le semis avec un indicateur de prix. Pourquoi ne pas envisager un prix minimum garanti cumulé à cet indicateur, pour ne pas que le prix puisse être revu ? », s’interroge le président. Avec la fermeture des usines de Saint Louis Sucre à Cagny, dans le Calvados, et à Eppeville, dans la Somme, il estime que « 90 % de nos betteraves seront transformées par les coopératives ». La CGB entrevoit une reprise des cours. « Mais elle tarde à se répercuter sur les contrats, déplore Pierre Rayé. S’il n’y a pas de contractualisation responsable de l’aval, notre filière va se retrouver fragilisée. À chacun de prendre ses responsabilités. »
La Campagne 2018/2019 en chiffres
- 485 000 ha
- 81,9 t/ha (à 16°)
- 39,6 Mt de betterave
- 10 millions d’hectolitres de bioéthanol
Prévisions pour 2019/2020
- 451 000 ha
- 85,5 t/ha (à 16°)
- 38,3 Mt de sucre
- 10 millions d’hectolitres de bioéthanol