Générations futures compare la toxicité des pesticides bio et conventionnels
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Alors que l’émission Cash investigation du 6 juin prochain abordera la toxicité des intrants autorisés en bio, Génération futures publie, ce 31 mai, une étude mettant produits bio et conventionnels face à face. Objectif : montrer, chiffres à l’appui, que les substances utilisées en conventionnel « sont globalement bien plus toxiques » que celles utilisées en bio.
« Il est devenu courant de lire ou entendre, de la part des détracteurs du bio, que l’agriculture biologique utilise aussi des pesticides, et que leur origine naturelle ne les exempte pas de toxicité. C’est lassant. » Ce sont les mots de François Veillerette, le 30 mai, au moment de présenter le dernier rapport de Générations futures, dont il est le porte-parole. Le document vise, de fait, à comparer la toxicité des produits phytosanitaires utilisés en bio, et ceux qui sont exclus du cahier des charges et donc réservés à l’agriculture conventionnelle. Ce timing n’est pas anodin, France 2 diffusant un numéro de Cash investigation intitulé « Alerte sur le bio », le 6 juin. Si l’ONG reconnaît le caractère « défensif » de son travail vis-à-vis du bio, elle revendique une méthodologie factuelle.
Seulement 17 substances classées dangereuses pour le bio
Cette analyse porte sur 264 substances actives autorisées en France en 2023, excluant les micro-organismes. Sur ce total, 33 sont autorisées en bio. Verdict : 224 substances conventionnelles sont classées dangereuses contre 17 substances tolérées dans les systèmes biologiques. Autre indicateur : 39 substances conventionnelles sont candidates à la substitution, contre une seule en agriculture biologique, le cuivre. Générations futures a également compté les molécules classées CMR, au nombre de 71 en conventionnel, contre seulement deux en bio : « Nous avons considéré le spinosad et l’azadirachtine, utilisés en AB, comme CMR même si pour le moment ce classement n’a été que proposé, respectivement par l’Efsa et l’Anses, et pas encore validé », précise François Veillerette.
L’ONG a rapproché ces classements aux volumes de pesticides vendus. Elle en conclut que 97 % des substances conventionnelles vendues sont classées dangereuses, contre 82 % des substances « bio ». Un chiffre relativisé par Générations futures, qui précise qu’il relève essentiellement du soufre (72 %) et du cuivre (9,5 %), les 15 autres produits autorisés en bio et classés « dangereux » cumulent donc moins de 1 % des ventes. « D’autant que les produits autorisés en AB, particulièrement le cuivre, sont aussi utilisés en conventionnel, les ventes ne reflètent donc pas l’impact de la bio, qui est mécaniquement moindre », glisse François Veillerette.
Toxicité « globalement bien supérieure » en conventionnel
Si l’ONG précise s’être focalisée sur le profil des molécules, reconnaissant l’intérêt de prendre en compte les doses appliquées pour aller plus loin dans la comparaison des systèmes bio et conventionnel, elle conclut, par la voix de François Veillerette : « Les substances utilisées pour l’agriculture conventionnelle sont globalement bien plus toxiques que celles utilisées en agriculture biologique. » Quant aux matières actives au classement préoccupant, notamment le cuivre, le spinosad et l’azadirachtine, il estime nécessaire de réduire leur utilisation, et exprime sa confiance dans la filière bio pour s’atteler à cet enjeu sans attendre d’éventuels futurs classements ou interdictions.