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Gestion de l’eau, la Cour des comptes veut conditionner l’irrigation à des engagements vertueux

Le | Politique

Quatre mois après avoir épinglé la gouvernance de la France en matière de gestion de l’eau, dans son rapport annuel, la Cour des comptes remet le couvert dans un document spécifiquement dédié à cet enjeu. Publié le 17 juillet 2027, le rapport identifie la réduction des prélèvements comme condition sine qua non pour préserver la ressource en eau. Des efforts qui concernent notamment le secteur agricole.

©AG - © D.R.
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« La protection de la ressource en eau ne sera assurée que par une stratégie de long terme de réduction des prélèvements ». C’est l’une des conclusions de la Cour des comptes, dans un rapport publié le 17 juillet, consacré à l’enjeu de la gestion quantitative de l’eau. Selon elle, cette diminution des prélèvements est la seule voie susceptible de permettre un « retour à l’équilibre dans les zones en tension et de la restauration du bon état des masses d’eau ».

Des usages conflictuels

En ce qui concerne l’agriculture, l’institution recommande de conditionner le financement public d’infrastructures d’irrigation de terres agricoles « à des engagements de pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement et à la réduction des quantités d’eau utilisée pour irriguer ». Le document souligne en effet le caractère particulièrement épineux de l’utilisation de l’eau dans la secteur agricole, dans un contexte d’exacerbation des conflits d’usage, découlant de la moindre disponibilité de la ressource. « La consommation d’eau potable reste un usage prioritaire que personne ne conteste », mais «  les autres usages restent plus conflictuels, note le document. L’irrigation agricole s’est développée dans des régions où cette pratique n’était pas habituelle et aggrave des situations déjà tendues ».

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Gestion de l’eau, la Cour des comptes veut conditionner l’irrigation à des engagements vertueux - © D.R.
Gestion de l’eau, la Cour des comptes veut conditionner l’irrigation à des engagements vertueux - © D.R.

Évolution des prélèvements d’eau douce par usage en France métropolitaine.[/caption]

Une planification stratégique pas assez opérationnelle

Face à ces tensions, la Cour des comptes constate que « les connaissances insuffisantes sur la ressource et les prélèvements effectués entravent la recherche de consensus ». Et qu’il est donc compliqué, dans ce cadre, de « rassembler toutes les parties prenantes autour d’une stratégie commune de protection de la ressource », déplorent les auteurs du rapport. Par ailleurs, comme elle l’avait déjà souligné dans un rapport publié en mars dernier, la gouvernance en matière de gestion de l’eau serait « complexe » et largement à revoir.

« Bien structurée au niveau des bassins versants, autour des comités de bassin, des agences de l’eau et des directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement, l’organisation est beaucoup moins aboutie à l’échelle des sous-bassins hydrographiques où les orientations sont mises en œuvre, note le document. La planification stratégique, qui mobilise beaucoup de moyens, reste souvent insuffisamment opérationnelle. » La Cour des comptes recommande, dans ce sens, que les comités de bassin se dotent de plans d’adaptation au changement climatique, en cohérence avec les autres documents stratégiques de la région. Mais aussi de constituer  une gouvernance locale de l’eau dans chaque sous-bassin versant.