Innovation et préservation des terres, ce qu’il faut retenir de la Cop 26
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Organisée à Glasgow du 31 octobre au 13 novembre, la Cop 26 a débouché sur un accord suscitant des réactions mitigées. Plusieurs annonces concernant l’agriculture sont cependant à noter. La protection des terres et l’innovation sont au cœur de plusieurs coalitions constituées à cette occasion.
Responsable de près d'un quart des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, l’agriculture a été plusieurs fois évoquée au cours de la Cop 26, qui se tenait du 31 octobre au 13 novembre à Glasgow. Les annonces la concernant découlent davantage de coalitions mises en place en marge de l’événement que de mesures inscrites dans l’accord, conclu le dernier jour du sommet, et déjà critiqué pour son manque d’ambition.
Enrayer la dégradation des terres
Parmi les actions à souligner, la signature par une centaine de chefs d’État, dont la France, d’une déclaration concernant la forêt et l’utilisation des terres. Les signataires s’engagent à stopper et inverser la déforestation et la dégradation des terres d’ici à 2030. Ce « Global forest finance pledge » bénéficie pour la période 2021-2025 d’un engagement financier de 12 Mrds $. L’UE contribue à hauteur d’un milliard, la France, 800 M€. Selon une étude de la FAO présentée le 8 novembre, l’expansion agricole serait responsable de 90 % de la déforestation dans le monde (dont 40 % pour le pâturage). Le FAO insiste par ailleurs sur le rôle grandissant de la chaîne d’approvisionnement dans les émissions de GES du système agroalimentaire, « en raison de la progression rapide portée par la transformation, l’emballage, le transport et la vente au détail des aliments, ainsi que leur consommation par les ménages, de même que l’élimination des déchets et la fabrication d’engrais ».
Soutien à l’innovation
Par ailleurs, 45 pays, Royaume-Uni en tête, ont affiché leur intention de mobiliser 4 Mrds $ en faveur de l’innovation agricole, afin de développer une agriculture et une utilisation des terres durables. 95 entreprises ont affiché leur soutien à la démarche. La France s’est pour sa part, comme 41 autres pays, engagée à soutenir les « Glasgow Breakthrough », dont l’objectif est de rendre l’innovation et les technologies propres abordables pour les pays en développement d’ici à 2030. Les cinq secteurs d’activité les plus émissifs, parmi lesquels l’agriculture, sont concernés.
Le méthane dans le viseur
La Commission européenne et les États-Unis avaient ouvert le bal des annonces dès l’ouverture de la Cop, officialisant leur partenariat annoncé dès septembre, pour réduire de 30 % les émissions de méthane d’ici à 2030. L’atteinte de cet objectif équivaudrait à « [se débarrasser] de tous les bateaux, de tous les avions, de tous les camions qui sont sur terre, en termes d’émissions », selon John Kerry, envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat.
Davantage intégrer les enjeux agricoles
Pour sa part, la FNSEA s’est réjouie de la validation, le 6 novembre, par les ministères de l’Agriculture des pays participant à la Cop, d’un programme « Action commune de Koronivia pour l’Agriculture », résultat de trois années de travail depuis la Cop 23, qui avait reconnu « le rôle-clé du secteur agricole dans les négociations internationales sur le climat ». Dans un communiqué, le syndicat espère que cette action commune permettra « d’intégrer de manière plus systématique les enjeux agricoles dans les décisions générales des prochaines Cop, et notamment dans les enveloppes du Fond Vert pour le climat. »
De leur côté, de nombreuses ONG ont regretté le manque d’ambition sur les sujets agricoles et de biodiversité. « Les océans, les forêts, la bonne santé des écosystèmes, les enjeux agricoles-alimentaires ou les questions de changement d’usage des sols ont été minorés : soit ils ont été vus sous le prisme de leur capacité à stocker du carbone indépendamment de la question de leur bon état, indispensable pour assurer cette fonction, soit ils ont été minorés dans l’ensemble des autres services qu’ils rendent à l’humanité, à commencer par la production d’eau et de biens alimentaires », indique FNE dans un communiqué.