« J’aurais aimé que soit associée au plan Ambition bio une déclinaison financière », Philippe Camburet, Fnab
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Philippe Camburet, président de la Fnab, a exprimé son scepticisme sur le programme Ambition Bio et l’aide d’urgence dédiée à la filière, détaillés le 28 février 2024 par Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, et Philippe Duclaud, président de la DGPE, au Salon de l’agriculture.
Suite aux annonces du ministère de l’agriculture et de la DGPE (Direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises), le 28 février 2024, lors du renouvellement du programme Ambition Bio, Philippe Camburet, président de la Fnab, se montrait pour le moins sceptique. « Je salue la décision du ministère mais j’aurais aimé que soit associé à ces objectifs une déclinaison financière qui engage le ministère en termes de moyens, a-t-il évoqué. Nous aurions très bien pu avoir des budgets dédiés, par exemple, à la conversion des fermes dans les lycées, la promotion d’une filière particulière, dans une région particulière ».
Une absence de chiffrage qui conduit Philippe Camburet à décrire le plan Ambition Bio comme « encore imprécis ». « Nous voulons changer les habitudes des Français, leur faire manger plus de bio : que croyez-vous que nous puissions faire avec 10-15-20 millions d’euros [dédiés à la communication] ? Nous n’y arriverons évidemment jamais, déplore-t-il. Un programme digne de ce nom aurait été surdimensionné par rapport à ce qui nous a été présenté ». Si l’objectif des 18 % d’agriculture biologique dans la SAU d’ici 2027 est toujours affiché par les pouvoirs publics, Philippe Camburet ne se montre guère optimiste : « Tant qu’il n’y aura pas des moyens humains mis en place pour appliquer le programme Ambition Bio, nous en resterons toujours au même niveau ».
Une aide d’urgence qui ne concernerait que « 10-15 % des fermes »
Le fonds d’aide d’urgence à la filière bio, réévalué à 90 millions d’euros, est également loin de satisfaire Philippe Camburet : « L’année dernière, 104 millions d’euros ont été attribuées [aux exploitations bio] et nous n’avons pu venir en aide qu’à 4 300 fermes, sur 60 000. Qu’allons-nous faire de mieux cette année ? Je ne comprends pas qu’on puisse annoncer une aide d’urgence qui ne concernerait finalement que 10-15 % des fermes alors que 80 % d’entre elles sont touchées. Nous avons besoin de toucher au moins 20 à 30 % des fermes les plus en difficulté ».
Vers une « régression environnementale » ?
Plus généralement, le président de la Fnab estime que la tendance est loin d’être au beau fixe pour la filière bio : « Je vois arriver une régression environnementale sur beaucoup de sujets, qui risquent de laisser moins de place aux émulations de pratiques, notamment l’agriculture biologique, constate-t-il. Depuis deux ans, une nouvelle donne est arrivée dans l’esprit collectif : le risque de manquer de nourriture, qui a réintroduit la peur de manquer et la nécessité de produire à n’importe quel coût et, surtout, à n’importe quel coût écologique. Cela risque de l’emporter sur tous les progrès environnementaux que nous avions réussi à remporter ».