La troisième mouture de la stratégie nationale bas carbone adoptée au plus tôt en juin 2024
Le | Politique
Dans le cadre de l’élaboration en cours de la troisième version de la Stratégie nationale bas carbone, un groupe de travail « agriculture » se réunit régulièrement. Objet des réunions : discuter et ajuster les scénarios de réduction des émissions du secteur. Le calendrier prévisionnel prévoit une adoption de la SNBC 3 en juin prochain.
Entre 2022 et 2030, l’agriculture française devra réduire son empreinte carbone de 13 MtCO2eq : c’est ce qui a été annoncé en mai dernier par la Première ministre, à l’issue d’un Conseil national de transition écologique. Pour atteindre cet objectif, le Gouvernement est en train de travailler à la rédaction de la prochaine stratégie nationale bas carbone, la troisième, qui doit permettre à la France de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % en 2030, par rapport à 1990. « Les budgets carbone de chaque secteur ont déjà fait l’objet d’annonces officielles, mais la SNBC 3 ne devrait être adoptée qu’en juin 2024, au plus tôt, par décret », résume Aurélie Catallo, directrice agriculture France à l’Iddri.
Déjà cinq réunions du groupe de travail agriculture
Des éléments restent en effet à affiner, notamment sur les modélisations de réductions des émissions de gaz à effet de serre. C’est d’ailleurs le sujet principal des échanges du groupe de travail « agriculture », copiloté par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique, composé d’une quarantaine de parties prenantes, dont les syndicats agricoles, les chambres d’agriculture, des think tanks, des services de l’État, etc. « Les réunions sont généralement convoquées pour nous faire réagir sur de nouvelles modélisations », précise Aurélie Catallo. La dernière session en date, en juin dernier, la cinquième au total, avait ainsi pour but de discuter d’une deuxième mouture d’un scénario à horizon 2030, prévoyant des mesures supplémentaires par rapport à l’existant.
« Deux scénarios ont été définis, explique la directrice agriculture à l’Iddri. Le premier projette les évolutions de GES si rien n’est mis en place en plus de l’existant. C’est étonnant, mais même ce sujet suscite des discussions, par exemple pour jauger l’ampleur du phénomène de baisse de cheptel. Le second scénario est celui des « mesures supplémentaires », pour voir quel rythme et quels leviers adopter pour atteindre les objectifs de la SNBC3. »
Une hausse de l’effort en trompe l’œil selon l’Iddri
En comparaison avec la SNBC 2, les objectifs à atteindre ont en effet été rehaussés. « En réalité, cette hausse de la baisse de GES à atteindre est un trompe l’œil, car elle ne nécessite pas une accélération de la trajectoire entre 2022 et 2030, en raison d’une certaine avance prise, en lien avec le Covid ou la baisse du cheptel, souligne Aurélie Catallo. La SNBC3 est davantage un exercice de crédibilisation de la trajectoire pour l’agriculture. » En comparaison avec sa précédente mouture, la feuille de route en cours de construction va en effet plus loin dans l’identification de leviers.
Mais l’exercice devrait encore être approfondi, selon la directrice agriculture France de l’Iddri. « Pour l’heure, l’approche est un peu comptable, un peu scolaire, regrette-t-elle. L’activation des différents leviers ne traduit pas une réflexion systémique sur le modèle agricole. Par exemple, l’objectif de réduire de 50 % les importations de soja ne s’accompagne pas d’une baisse de cheptels de volaille, premiers consommateurs de soja. Cela manque encore un peu de cohérence. »
Le flou demeure également sur les trajectoires pour la période 2030-2050.