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L’agroécologie est loin de faire l’unanimité à la COP15 sur la biodiversité 

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Les pays de la COP15 sur la biodiversité ont du mal à se mettre d’accord sur les objectifs finaux à adopter, notamment sur l’agriculture, comme en a témoigné Sylvie Lemmet, ambassadrice déléguée à l’environnement lors de son audition, le 9 novembre 2022, au Sénat.

Sylvie Lemmet, ambassadrice déléguée à l’environnement lors de son audition, le 9 novembre 2022, dev - © D.R.
Sylvie Lemmet, ambassadrice déléguée à l’environnement lors de son audition, le 9 novembre 2022, dev - © D.R.

Va-t-on tout droit vers un échec de la COP15 sur la biodiversité ?  « Nous sommes très loin des objectifs souhaités par la France et l’Union européenne dans les négociations sur la COP15 », a reconnu Sylvie Lemmet, ambassadrice déléguée à l’environnement lors de son audition, le 9 novembre 2022, devant les sénateurs de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable. Si la Conférence des Nations unies sur la biodiversité se tient du 7 au 19 décembre à Montréal, les négociations ont déjà démarré, sous tension.

L’UE, un « donneur de leçon »

Sylvie Lemmet concède que les pays de l’UE sont vus comme de « vilains donneurs de leçon ».  Une position accentuée par le fait que les États-Unis ne font pas partie de la Convention de la biodiversité, et n’ont donc qu’un rôle d’observateur. « Même avec le changement de président, le Brésil s’avère être peu ambitieux, révèle-t-elle. Il a beaucoup pesé pour baisser les objectifs. »

Le contexte géopolitique n’est pas favorable à une prise de conscience sur les enjeux de la biodiversité. Un sujet, qui contrairement au climat, n’est pas à l’ordre du jour dans de nombreux pays. « Les tensions sur les prix agricoles n’incitent pas à l’agroécologie », poursuit Sylvie Lemmet. Développer des pratiques agricoles plus vertueuses pour l’environnement est d’ailleurs loin de faire l’unanimité au sein de la COP, selon l’ambassadrice déléguée à l’environnement.

100 M€ du Nord vers le Sud

L’objectif de la COP15 est d’aboutir à un cadre décennal, que la France espère clair. L’agriculture est concernée. La France espère inscrire dans les objectifs celui d’une hausse des pratiques agroécologiques et d’une baisse des usages de pesticides et d’engrais, ou encore de préserver 30 % des terres contre 17 % aujourd’hui. Autre point fortement débattu : l’accès et le partage des ressources sur la numérisation des ressources génétiques, qui n’est aujourd’hui pas soumis à des redevances. Les pays africains ont déjà signifié qu’ils ne signeraient pas l’accord si ce point n’aboutissait pas. Les pays en voie de développement demandent par ailleurs que les pays du Nord versent 100 millions d’euros à ceux du Sud pour la préservation de la biodiversité, contre 6 M€ actuellement.

Des indicateurs devraient également être créés pour suivre les engagements de chaque pays.

La COP sur la biodiversité a lieu tous les deux ans, contrairement à celle, annuelle, sur le climat.