Le Cese livre son avis sur la transition agro-écologique
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Sur une saisine du Premier ministre, le Comité économique social et environnemental a produit un avis sur la transition agro-écologique, adopté avec 154 votes pour, 2 contre et 26 abstentions le 23 novembre en session plénière, en présence de Stéphane Le Foll. Cet avis, rapporté par Cécile Claveirole, du groupe agriculture, pêche et alimentation du Cese, prône une activation simultanée de différents leviers politiques, liés aux pratiques, aux formations ou encore à la recherche. « L’agro-écologie apporte une vision systémique, confirme Cécile Claveirole, dont l’efficacité n’est possible que si on agit à tous les niveaux. » Revue des propositions du rapport.
Consommateur à sensibiliser
Au premier étage de la fusée : le consommateur, à « orienter vers une alimentation agro-écologique. » Le lien avec les signes de qualité doit être renforcé, les informations sur les produits plus explicites sur les pratiques agro-écologiques, et leurs bienfaits pour la santé soulignés, notamment dans le cadre du plan national nutrition santé.
Réorienter la recherche
La recherche doit placer l’agro-écologie dans ses sujets prioritaires. « L’aspect pluridisciplinaire de l’agro-écologie nécessite un décloisonnement de la recherche », souligne la rapporteure. Le lien entre recherche et terrain doit être favorisé. Enfin, les cultures susceptibles d’enrichir les rotations et l’autonomie des fermes, notamment en protéine, doivent prendre de l’épaisseur dans les programmes par rapport aux grandes cultures.
Un focus agro-écologique pour la formation
« Les lycées peuvent devenir des pôles territoriaux agro-écologiques, juge Cécile Claveirole. Les cursus doivent pour cela faire un véritable focus sur l’approche systémique. » Les formations continues doivent suivre le même virage.
Miser sur l’accompagnement collectif
L’avis met en avant la nécessité de jouer sur les notions de groupe et de synergie pour déployer l’agro-écologie. « Tous les partenaires de l’agriculteur doivent être impliqué », insiste la rapporteure, pour qui cette notion de collectif dépasse largement les GIEE, « une forme de groupe parmi d’autres. »
Des politiques publiques à mettre en cohérence
Au cours des 23 auditions menées lors de la rédaction de l’avis, les rapporteurs ont relevé un problème récurrent : le manque de cohérence entre certaines réglementations. Si Cécile Claveirole ne s’est pas aventurée à citer d’exemple, elle estime indispensable de rendre les politiques publiques « plus lisibles ».
Le territoire, unité de base de l’agro-écologie
« Construire des filières locales », « orienter les achats alimentaires vers les produits locaux », « mettre en place des cahiers de charges régionaux »… le territoire est l’échelle de déploiement idéal pour l’agro-écologie, selon l’avis. Est ainsi prônée une fusion des plans régionaux d’agriculture durable (Prad) et des Projets alimentaires territoriaux (Pat).
Une Pac plus agro-écologique
L’avis du Cese mise enfin sur une Pac également réorientée. Les soutiens économiques doivent être revus pour encourager l’agro-écologie. Un fonds de garantie est souhaité pour assurer les risques liés au changement de pratiques. Enfin, le Cese envisage la création d’aides alimentaires, pour les foyers à faibles revenu, pour l’achat de produits issus de l’agro-écologie.
Le groupe Agriculture du Cese critique l’avis
« Stigmatisant » pour les agriculteurs. C’est ainsi que le groupe Agriculture du Cese jugeait l’avis, avant même le vote du 23 novembre. Dans un communiqué, les agriculteurs représentants différents organismes et syndicats agricoles qui composent ce groupe craigne qu’il découle sur plus de réglementation, malgré les bonnes intentions des auteurs en la matière.