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Le Forum européen pour l’avenir de l’agriculture met en avant l’économie circulaire

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Pour avancer sur le chemin de la sécurité alimentaire aussi bien que sur la durabilité de la production agricole, un concept a été mis en avant lors du huitième forum pour l’avenir de l’agriculture organisé par la firme Syngenta et l’association ELO (European landowner’s organization), le 31 mars à Bruxelles : l’économie circulaire. « Elle s’applique parfaitement à l’agriculture, qui comporte du gaspillage à chaque niveau… Les bénéfices sont d’ores et déjà avérés, c’est viable économiquement à long terme », estime Pavan Sukhdev, consultant en environnement et durabilité. Pour déployer ce concept, il faut selon lui une incitation fiscale car les systèmes actuels sont rentables et le changement a un coût. Stephen Schnürer, professeur à l’université des sciences agricoles d’Uppsala compte, lui, sur l’éducation : « Les étudiants actuels seront encore actifs en 2060 : la notion de lutte contre le gaspillage doit devenir plus instinctive pour les prochaines générations. » Un concept qui devrait être favorisé par les progrès en microbiologie pour valoriser un maximum de matières. L’innovation technologique est un support précieux pour l’économie circulaire en agriculture, « à condition d’appréhender ce progrès scientifiquement, et non avec des partis pris idéologiques », estime Jon Parr, directeur stratégique de Syngenta. Clivage sur l’environnement Côté environnement, les débats ont clivé les positions. Certains intervenants ont appelé à des politiques plus fermes quand d’autres ont fustigé l’accumulation de règles en Europe qui entraveraient la compétitivité de l’agriculture. « Je ne suis pas d’accord, a ainsi lancé Karmenu Vella, commissaire à l’Environnement, aux Affaires maritimes et à la Pêche. Un exemple : l’agriculture représente 70 % de la consommation d’eau douce. Vu le coût de dépollution de l’eau, il est important d’agir en amont. » Mikael Karlsson, président du Bureau environnemental européen, déplore des politiques selon lui en demi-mesure : « Certaines politiques actuelles, comme la PAC, sont insuffisantes. Il faut rémunérer d’avantage les productions vertueuses. » Consensus sur la compétitivité Tim Breitmeyer, vice-président de l’association Country Land and Business estime que « l’agriculture durable représente un investissement plus accessible à ceux qui ont de la rentabilité, et même pour eux, les progrès se dessineront sur le long terme ». Son de cloche identique du côté de Ricardo Sanchez Lopez, directeur de l’alimentation durable au Latin America conservation council. « En Amérique du Sud, la rentabilité reste primordiale. Les principes de durabilité sont importants, mais perçus comme avant tout faciles à dire. » L’aspect filière reste important pour accompagner le changement. Pour Mella Frewen, directrice générale de FoodDrinkEurope, l’aval a intégré ces enjeux. « Les filières sont attentives à la matière première qu’elles achètent et de nombreux partenariats, levier primordial pour progresser, existent avec des ONG  », estime-t-elle.