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Le Gouvernement liste quatre enjeux pour la souveraineté alimentaire

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Dans un rapport publié le 3 avril, le Gouvernement dresse un état des lieux de la souveraineté alimentaire en France et liste quatre enjeux principaux pour la regagner.

Le Gouvernement liste quatre enjeux pour la souveraineté alimentaire
Le Gouvernement liste quatre enjeux pour la souveraineté alimentaire

Le Gouvernement a publié le 3 avril 2024 un rapport sur l’évaluation de la souveraineté agricole et alimentaire en France. Il inclue une sélection d’indicateurs produits grâce aux données de FranceAgriMer et d’Agreste, avec l’appui méthodologique du Secrétariat général à la planification écologique, SGPE.

Des points de vigilance

« La France est souveraine en matière alimentaire et agricole, mais avec des zones de fragilité préoccupantes », indique le rapport. Il liste plusieurs points de vigilance :

  • La Ferme France reste la plus grande d’Europe en surface, avec des rendements parmi les plus hauts. Toutefois l’impact du changement climatique ira en s’aggravant.
  • 20 % de la production agricole en volume est vendu en dehors de la France. Si sa balance commerciale agro-alimentaire est positive de +7/+9 Mds€, elle est désormais négative vis-à-vis de l’Union européenne. Par ailleurs, le pays souffre d’une très forte dépendance aux importations d’azote et de protéines (engrais et tourteaux), selon les auteurs. Enfin la France est généralement exportatrice de produits bruts et importatrices de produits transformés.
  • Les situations sont contrastées suivant les filières agroalimentaires, les types de production, et les dynamiques de production.
  • Plusieurs filières ont vu leur taux d’auto-approvisionnement se dégrader de manière inquiétante (volailles, colza, blé dur et produits associés) ou restent structurellement dépendantes des importations (fruits et légumes, notamment bios, produits de la pêche ou de l’aquaculture, riz, soja grains et tourteaux, fruits tropicaux et agrumes, ovins).
  • L’origine et la destination des importations et exportations est à prendre en compte dans l’appréciation des dépendances. Les dépendances vis-à-vis d’importations lointaines sont plus préoccupantes que celles résultants d’échanges plus locaux.
  • Les objectifs de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) vont conduire à avoir recours à un volume plus important de biomasse.

Quatre enjeux

Pour les auteurs, l’enjeu est aujourd’hui quadruple :

  • Regagner en souveraineté alimentaire pour les filières dont le taux d’auto-approvisionnement est au plus bas, en relocalisant des productions ou en adaptant certaines productions à l’évolution de la consommation. Ce qui nécessite des arbitrages en matière de stratégie d’assolement, une modernisation et un développement des outils de transformation, et d’agir sur les tendances de consommation.
  • Limiter notre dépendance à certains intrants : les protéines végétales comme les graines et les tourteaux pour l’alimentation animale dont les deux tiers sont importés, notamment du Brésil et d’Argentine ; l’azote minéral dont les trois quarts sont importés ; les graines oléagineuses pour la production de biocarburants dont le tiers est acheté en dehors de France, essentiellement d’Australie. L’objectif est de développer la production nationale de ces intrants, en modérant leur consommation et en sécurisant des itinéraires techniques alternatifs.
  • Améliorer la résilience des exploitations agricoles en renforçant leur solidité économique par un meilleur partage de la valeur, la réduction de la dépendance aux intrants externes, la diversification des productions y compris non alimentaires, et en les adaptant aux changements climatiques.
  • Élargir l’enjeu de la souveraineté alimentaire à une notion de souveraineté agricole en préservant les facteurs de production, en améliorant la souveraineté énergétique sans compromettre la souveraineté alimentaire et en régulant les usages de la production agricole non alimentaire.

Les structures publient par ailleurs des indicateurs de souveraineté alimentaire répartis en plusieurs thèmes : la balance commerciale, les dépendances à l’import et à l’export, les échanges extérieurs et le niveau de dépendance, des indicateurs par filière, les surfaces et rendements, les intrants, l’eau, la résilience économique.

La définition de la souveraineté alimentaire est inclue dans le projet de loi d’orientation qui a été présenté le 3 avril 2024 en Conseil des ministres.