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Le référentiel HVE pourrait comporter un volet carbone

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Comment le ministère de l’Agriculture va faire évoluer le référentiel pour l’obtention de la Haute valeur environnementale, HVE ? Panorama des pistes évoquées.

Le référentiel HVE pourrait comporter un volet carbone
Le référentiel HVE pourrait comporter un volet carbone

Le cabinet de Julien Denormandie étudie une évolution de la Haute valeur environnementale, HVE, en vue notamment de la mise en place des éco-régimes en 2023. Objectif : analyser les adaptations envisageables afin de maintenir un niveau toujours supérieur de la certification. « Toutes les pistes sont sur la table », a indiqué le cabinet du ministre lors d’un brief off le 1er juin.

L’arrêt de la voie B de la HVE

Parmi elles, l’arrêt de la voie B. Cette dernière n’a pas rencontré son public, avec seulement 20 % des exploitations certifiées HVE de cette manière. « La méthode avait été imposée par France nature environnement lors de l’élaboration du dispositif. Personne n’y a cru, explique Laurent Brault, responsable développement de la certification pour l’association HVE. Aujourd’hui, les mêmes ONG sont paradoxalement les premières à la critiquer. » La voie B est fondée sur deux indicateurs : une performance en matière de biodiversité comme pour l’option A, mais également une mesure de la dépendance de l’exploitation aux intrants via un ratio de la valeur des intrants ramenée au chiffre d’affaires. En deçà de 30 %, l’exploitation est considérée comme peu dépendante aux intrants.

Un module sur le climat

L’option A deviendrait alors la seule voie possible d’accès à la HVE. « Il faut accélérer les adaptations de cette voie, c’est le pendant de l’arrêt de l’option B », insiste Laurent Brault. La voie A repose sur des objectifs de résultats relatifs à quatre modules : la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et de l’irrigation. La création d’un cinquième module est sur la table des discussions : l’impact sur le climat. « Un pilier sur le carbone donnerait une dimension encore plus large à la HVE, milite Laurent Brault. Cela nous paraît cohérent avec les pratiques agroécologiques portées par la HVE. » L’agriculture de conservation des sols pourrait ainsi être favorisée tout comme les exploitations qui s’inséreraient dans le label bas-carbone.

Les équipes de Julien Denormandie travaillent également sur l’adaptation de la HVE à tous les secteurs agricoles. L’objectif est de faire en sorte que l’ensemble des indicateurs soient accessibles à toutes les filières. Par exemple, celui sur la diversité « spécifique et variétale » réservé aux cultures pérennes ainsi qu’aux fruits et aux légumes, doit être ouvert aux grandes cultures.

Bien-être animal et pesticides

Quid de l’intégration de critères de bien-être animal ? « Ce n’est pas une piste a priori retenue car le ministère souhaite rester sur l’environnement, poursuit Laurent Brault.  Toutefois, le référentiel comprend des mesures qui influent indirectement le bien-être des animaux comme la présence d’une proportion importante de prairies permanentes. »

Des questions se posent également sur le renforcement de la partie phytosanitaire, et notamment sur l’usage des produits chimiques. « C’est une attaque récurrente, reconnaît-il. Mais la HVE n’a pas vocation à venir sur les plates-bandes de la bio. Elle doit rester un référentiel qui amène le maximum d’exploitation dans la transition agroécologique. Le manque de débouchés rémunérateurs sur de plus en plus de productions liées au surcoût de l’agriculture biologique doit nous alerter. La HVE doit permettre une transition en maîtrisant les coûts de production, avec des produits accessibles à la majorité des consommateurs. »

Reste que les exploitations qui sont déjà HVE devront s’adapter à cette évolution du référentiel pour conserver le niveau trois de la certification environnementale. Mais pour le responsable développement de la certification pour l’association HVE, « c’est le principe d’une démarche de progrès ».