« L’enjeu prioritaire est de porter le biocontrôle au niveau européen », Céline Barthet, IBMA
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Quel regard porte IBMA France, l’Association française des entreprises de produits de biocontrôle, sur la stratégie nationale de déploiement du biocontrôle publiée le 10 novembre ? Référence agro fait le point avec sa présidente, Céline Barthet.
L’Association française des entreprises de produits de biocontrôle, IBMA France, attendait avec impatience la publication de la stratégie nationale de déploiement du biocontrôle. Cette dernière, dévoilée le 10 novembre sur le site du ministère de l’Agriculture, ne manquera pas d’être analysée lors des Rencontres annuelles de l’association, qui se tiendront sous forme d’émission télévisée le 26 janvier 2021. En attendant, Référence agro a recueilli le point de vue de Céline Barthet, présidente de l’Association.
Référence agro : La stratégie nationale de déploiement du biocontrôle publiée correspond-elle à votre attente ?
Céline Barthet : Nous sommes très contents de cette publication, que nous attendions depuis le printemps 2019. La volonté de déploiement du biocontrôle va être connue et partagée par de nombreux acteurs publics et privés, de la recherche au terrain.
Les axes de la stratégie présentent des enjeux similaires à ceux d’IBMA : soutien à la recherche, simplification de la réglementation, déploiement des solutions par l’information et la formation, et enfin, la promotion au niveau européen. Ce quatrième axe de la stratégie nous paraît être le plus important car, pour voir se déployer le biocontrôle sur notre territoire, nous devons absolument le travailler à l’échelle européenne, notamment parce que l’évaluation des produits est zonale. Nous comptons entre autres sur la présidence française de l’UE, de janvier à juin 2022, pour avancer sur le sujet.
R.A. : Le premier objectif de l’axe 2 de la stratégie consiste à consolider la définition du biocontrôle au niveau réglementaire en ne prenant en compte que les produits à risques faibles. Qu’en pensez-vous ?
C.B. : La France possède une définition du biocontrôle à deux niveaux : une définition générale inscrite dans l’article L.253-6 du Code rural, et une liste officielle de produits respectant des critères définis par la DGAL. Pour porter le biocontrôle au niveau européen, la France doit aligner sa définition sur la réglementation européenne. Mais ne prendre en compte que les produits à risques faibles peut conduire à exclure certaines spécialités présentant des phrases de danger non compatibles. Les produits hors liste officielle correspondent en France à 20 % du chiffre d’affaires des produits phytopharmaceutiques de biocontrôle. Nous resterons donc vigilants sur la nouvelle définition envisagée par le Gouvernement.
R.A. : La stratégie fixe des objectifs livrables en 2021 et 2022. Lesquels comptez-vous voir atteints à court terme ?
C.B. : La publication de la stratégie ayant tardé, de nombreux travaux sont déjà avancés. Ainsi, par exemple, la simplification de la mise en marché des médiateurs chimiques autres que les phéromones de lépidoptères à chaîne linéaire (objectif 3 de l’axe 4) est travaillée par un groupe déjà créé au sein du Comité technique opérationnel (CTOP) animé par la DGAL et IBMA France. Certains objectifs de la stratégie peuvent avancer vite, comme la publication d’une liste exhaustive des macro-organismes indigènes et non-indigènes autorisés (objectif 4 de l’axe 2) ou encore la délivrance rapide de la mention UAB des produits de biocontrôle (objectif 7 de l’axe 2). À ce propos, nous aimerions que les nouvelles solutions de biocontrôle fassent également rapidement l’objet d’une fiche CEPP afin de ne pas pénaliser les innovations. Un travail pourrait être mené avec l’Anses sur ce point.