Les grands distributeurs tardent à se passer des pesticides
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L’ONG Foodwatch a mené une enquête auprès de 20 distributeurs européens, dont six français, sur leur stratégie de réduction ou de suppression des produits phytosanitaires dans la production de céréales. Le baromètre, publié le 1er février 2024, est sans appel : les entreprises sont à la traîne.
Ils sont vingt distributeurs français, néerlandais, allemands, ainsi qu’un détaillant suisse, à être passés au crible de Foodwatch. L’ONG a publié, le 1er février 2024, un baromètre des stratégies des supermarchés européens liées aux pesticides, dans des produits tels que le pain, les pâtes ou les céréales. Cinq critères ont été retenus pour cette étude : la stratégie de réduction de l’utilisation de pesticides dans les fruits et légumes ; l’offre de fruits et légumes biologiques ou sans pesticides ; la stratégie de réduction de l’utilisation de pesticides dans les céréales ; l’offre de produits céréaliers biologiques ou sans pesticides ; l’utilisation de données sur l’utilisation de pesticides en production primaire.
Une chaîne allemande et deux néerlandaises sur le podium
Résultats des courses : les trois supermarchés les moins bien classés sont Lidl Allemagne, « seul distributeur qui n’a pas répondu à la demande de Foodwatch », accompagné d'Aldi et Spar des Pays-Bas. Ces derniers n’ont, selon l’ONG, « aucune stratégie pour réduire les pesticides, ni dans la production de fruits et légumes ni dans celle de céréales ». À l’inverse, les trois gagnants du barème sont Migros de Suisse, « le seul ayant une stratégie complète pour réduire l’utilisation de pesticides dans la culture des céréales », suivi de Tegut d’Allemagne et Albert Heijn des Pays-Bas. Et les distributeurs français, dans tout ça ? « Nous avons interrogé Carrefour, Super U, E. Leclerc, Casino, Monoprix et Intermarché, détaille Camille Dorioz, directeur des campagnes de Foodwatch. Chacun de ces distributeurs a des stratégies plus ou moins avancées et ambitieuses pour réduire les pesticides au rayon fruits et légumes, mais aucune chaîne de supermarchés française n’a adopté une stratégie de réduction des pesticides dans la production de céréales. »
Les produits sans pesticides, « inaccessibles pour la majorité »
Si des efforts sont à saluer de la part de certains distributeurs, pour Camille Dorioz, le constat est encore loin d’être positif : « Les produits élaborés avec des ingrédients produits sans pesticides sont inaccessibles pour la majorité des consommateur·rices, car trop chers ou juste absents des rayons, rapporte-t-elle. Il ne suffit pas d’offrir des alternatives bio où les supermarchés réalisent des marges excessives. Nous leur demandons de fixer des objectifs clairs de réduction et de suppression de l’utilisation de pesticides dans leurs produits conventionnels et de s’y tenir ».