Foodwatch dénonce les prolongations d’autorisation de pesticides
Le | Reglementation
Selon Foodwatch, 30 % des substances actives phytosanitaires approuvées dans l’Union européenne bénéficient actuellement d’une prolongation d’autorisation en raison d’un retard de réévaluation. L’association de défense des consommateurs dénonce cette faille réglementaire et appelle à une réforme des procédures d’homologation.
Les critiques relatives à l’évaluation des pesticides se multiplient. Dernière en date, celle de Foodwatch qui, dans un communiqué daté du 14 décembre, dénonce les prolongations de période d’approbation de substances actives. Ces prolongations ont lieu lorsque l’évaluation relative à la demande de renouvellement d’une substance risque de ne pas être finalisée avant l’expiration de son autorisation. La récente prolongation du glyphosate n’est pas un cas unique. Selon l’étude de l’association de défense des consommateurs, sur les 455 substances actives actuellement autorisées dans l’Union européenne, 135, soit plus de 30 %, le sont grâce à une prolongation. Et 15 % d’entre elles ont été prolongées de cinq ans ou plus.
[caption id=« attachment_115001 » align=« aligncenter » width=« 671 »]
Nombre de prolongations de périodes d’approbation de substances actives par an (source : Foodwatch)[/caption]
Foodwatch appelle à une réforme des procédures d’homologation
Foodwatch s’insurge contre le fait que des produits soient encore autorisés en raison de ces prolongations, alors même qu’ils ne sont pas réévalués. L’association donne entre autres pour exemple le flufénacet et la deltaméthrine, dont les approbations sont renouvelées depuis 2013. Foodwatch appelle donc à « une réforme complète des procédures d’homologation » qui, selon elle, présente de nombreuses failles. Elle avance que « tout pesticide dont l’autorisation a été prolongée sans réévaluation des risques par l’Efsa [ndlr : l’Autorité européenne de sécurité des aliments] devrait être immédiatement retiré du marché ».
L’association demande par ailleurs l’augmentation des redevances d’homologation payées par les fabricants de produits, afin de permettre aux autorités européennes de procéder à l’évaluation des risques en temps voulu. Elle souhaiterait enfin que lorsque l’autorisation d’une substance active est renouvelée, les prolongations préalables soient comptabilisées dans sa nouvelle période d’approbation.
Le manque de ressources humaines pour évaluer les substances actives phytosanitaires et les produits dans les délais réglementaires n’est pas un fait nouveau. Bernhard Url, directeur exécutif de l’Efsa, avait lui-même plaidé en faveur d’une augmentation de ces ressources, lors d’une audition par la Commission de l’agriculture et du développement rural, en mai 2022.