Marc Fesneau nommé ministre de l’Agriculture sur fond de planification écologique
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Une équipe ministérielle toute neuve, avec une nouvelle tête à l’agriculture, Marc Fesneau, mais aussi une ligne politique articulée autour de la planification écologique. Le gouvernement présenté le 20 mai n’a pas manqué de faire réagir les acteurs du monde agricole.
Marc Fesneau, ex-ministre délégué aux relations avec le Parlement et à la Participation citoyenne, dans les gouvernements d’Édouard Philippe, puis de Jean Castex, a été nommé par Élisabeth Born rue de Varenne, ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire. Il avait déjà été pressenti à ce poste au moment des nominations de Stéphane Travert, puis de Julien Denormandie. Les dossiers agricoles ne lui sont pas étrangers : il a travaillé au sein d’un cabinet de conseil collaborant avec le ministère avant de rejoindre la Chambre d’agriculture départementale du Loir-et-Cher, département où il a aussi été maire d’une commune de 650 habitants, Marchenoir.
Planification écologique, un projet politique et des questions
Si de nombreuses parties prenantes du monde agricole se réjouissent de l’intégration de la souveraineté alimentaire dans l’intitulé du ministère, les acteurs du secteur ont aussi scruté attentivement la répartition des autres maroquins. Pour La coopération agricole (LCA), c’est bien la « complémentarité des compétences » qui compte, et la nomination de Marc Fesneau pèse autant que celles de Bruno Le Maire (Économie), Olivier Dussopt (Travail) ou encore Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique), et surtout celle d'Amélie de Montchalin à la Planification écologique et territoriale. Cette notion de planification écologique intéresse particulièrement la profession agricole.
LCA souligne ainsi que cette planification ne peut être réussie « sans des coopératives agricoles et agroalimentaires performantes ». La FNSEA affiche son « esprit volontariste [pour aborder] l’orientation de planification écologique souhaitée par le président de la République », tout en exprimant son attente « d’un accompagnement, fort et pérenne, de la puissance publique », pour la réussir. La Confédération paysanne affirme de son côté que ses adhérents pratiquent déjà la planification écologique « depuis des années », et déplore que cette dernière « ait été fortement pénalisée lors du précédent quinquennat ».
L’action de Denormandie globalement saluée
Le Syndicat national de l’environnement (SNE), de son côté, estime le pari perdu d’avance. Amélie de Montchalin « ne possède aucune expérience […] sur les secteurs techniques de son ministère », dont le contour est « flou » et dans lequel la biodiversité est « absente ». Quant à la nomination de Marc Fesneau, « biberonné en Chambre d’agriculture, elle augure bien mal d’une politique indépendante des lobbies agricoles et de l’agro-industrie ».
En attendant de juger Marc Fesneau sur pièce, les tenants des différents courants de pensées animant le monde agricole n’auront pas manqué de se renseigner sur les prises de positions passées du nouveau ministre. Cet adepte de la chasse a par le passé fustigé les écologistes et les vegans, allant jusqu’à les traiter de « fous dangereux qui ont perdu le sens commun ». Habitué des salons agricoles, il espérait, au Sia, en 2019, une loi sur le foncier pour aider les jeunes agriculteurs à s’installer : c’est l’une des promesses d’Emmanuel Macron à laquelle il va pouvoir s’atteler. L’un des défis de Marc Fesneau sera, aussi, de succéder à Julien Denormandie, dont l’action a globalement été saluée par le monde agricole au moment de la passation.
E.B., avec E.P.