Neutralité carbone, l’agriculture peut mieux faire selon le Haut conseil pour le climat
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Placer d’urgence le climat au cœur du plan de relance de l’économie, pour atteindre la neutralité carbone en 2050. C’est l’appel du Haut conseil pour le climat dans son rapport annuel, publié le 8 juillet. Le secteur agricole est concerné par les efforts à fournir, en tant que deuxième secteur le plus émetteur. Le rapport liste plusieurs propositions pour que l’agriculture accentue ses efforts.
« Le premier semestre 2020 est le plus chaud jamais enregistré en France. Il est donc temps de redresser le cap et de relancer la transition. » Dans son deuxième rapport annuel dévoilé le 8 juillet, le Haut conseil pour le climat (HCC) dresse un constat critique des politiques climatiques de la France, pour atteindre la neutralité carbone. Il appelle le gouvernement à « reprendre le cap vers la neutralité carbone ». Suite à la crise économique causée par l’épidémie du Covid-19, le HCC insiste : « l’enjeu n’est pas d’intégrer le climat au cadre du plan de reprise, mais d’insérer le plan de reprise dans les limites du climat. » Les 13 experts du HCC rappellent ainsi qu’en 2019 les émissions de GES Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Selon le document, « l’agriculture n’est pas structurellement engagée vers la trajectoire bas-carbone », pour atteindre les objectifs de la SNBC à horizon 2030, bien que ses budgets carbone indicatifs à court -terme ne soient que très légèrement dépassés. « Les émissions en CO2 ont baissé de 1 % par rapport à 1990, (contre un objectif de la SNBC de 26 % en 2030), de 10 % pour le CH4 (pour un objectif de 23 % en 2030) et de 9 % pour le N2O (pour un objectif de 20 % en 2030) », résume le HCC. Le secteur agricole stocke néanmoins près de 7,5 Mt éqCO2 grâce aux prairies, contre 12,1 Mt eq CO2 déstockés. L’équilibre devant être atteint en 2030 selon la feuille de route de la SNBC est donc encore loin d’être atteint. Le HCC alerte aussi sur la menace de l’artificialisation des sols, qui a entamé 20 % des prairies par retournement entre 1990 et 2018.
Quatre propositions d’actions
Le HCC précise néanmoins que « l’agriculture française dispose de solutions pour évoluer structurellement vers la transition bas carbone ». Les experts formulent ainsi quatre propositions d’actions. La première concerne le ralentissement du retournement des prairies et le drainage des zones humides « afin de conserver des stocks élevés de carbone, et, de manière complémentaire stocker du carbone dans les sols des grandes cultures grâce à l’adoption de pratiques agroécologiques ». Dans sa deuxième proposition, le HCC appelle le Gouvernement a dévoilé, enfin, sa stratégie de développement des protéines végétales. « Une telle mesure contribuerait à rattraper le retard de la France dans ce domaine, et répondrait à la fois aux objectifs de réduction des émissions de N2O des cultures, d’augmentation de la séquestration du carbone dans les sols et de réduction de l’empreinte carbone ». La troisième action citée s’attaque au sujet de l’élevage en insistant sur la réduction nécessaire des émissions de CH4. Enfin, la dernière proposition affirme que les outils comme le NutriScore ou le prochain affichage environnemental pourraient être plus efficaces « s’ils parvenaient à produire des effets d’entraînement au sein des entreprises afin que celles-ci modifient la formulation de leurs produits dans des objectifs environnementaux ou de santé publique ».
S’emparer de l’opportunité de la Pac
« Dans un contexte où les revenus de la majorité des agriculteurs sont déjà bas, [ces] mesures émergent comme prioritaires car elles allient la réduction des émissions territoriales ou le stockage de carbone dans les sols avec de nombreux co-bénéfices pour la biodiversité, la lutte contre la déforestation importée, l’emploi ou encore la souveraineté alimentaire de la France », résume le rapport. Pour accompagner et développer un grand nombre de ces actions, le HCC recommande de mobiliser le dispositif des echoschemes prévu dans la réforme de la Pac actuellement en cours de négociations.