SNBC, l’agroécologie en feuille de route pour l’agriculture
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Publication ce 23 avril de la version définitive de la Stratégie nationale bas carbone, ainsi que ses décrets. Elle a fait l’objet d’une consultation publique qui s’est finalisée fin février. Pour l’agriculture, les recommandations sont prises en compte dans les stratégies Label bas carbone déjà engagées. La SNBC s’appuie sur l’agroécologie et l’agriculture de précision.
La stratégie nationale bas carbone vient d’être définitivement adoptée à l’issue de la dernière étape de la consultation publique qui s’est tenue du 20 janvier au 19 février 2020. Le dossier avait déjà été validé une première fois en 2015 puis revisité pendant deux ans. L’objectif est ambitieux : atteindre la neutralité carbone en 2050 et réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2030 par rapport à 1990. Cette nouvelle version et les budgets carbone correspondant pour les périodes 2019-2023, 2024-2028 et 2029-2033 ont été adoptés par décret le 21 avril 2020 et sont parus au journal officiel le 23 avril.
Bien évidemment, l’agriculture est appelée à contribuer à ce challenge. Elle a émis 86 Mt C02eq en 2017 soit 18,5 % des émissions de GES en France, marquées toutefois par baisse de 7,6 % entre 1990 et 2017.
Des efforts sur le N2O et le CH4
La SNBC part du constat que l’agriculture émet de façon inévitable des gaz à effet de serre, protoxyde d’azote et méthane en tête. Les principaux efforts visent ces deux gaz. Elle fixe l’objectif de réduire de 18 % les émissions du secteur pour 2030 et 46 % d’ici à 2050, soit 1,2 Mt CO2 éq/an entre 2015 et 2050, alors qu’en moyenne annuelle ces dernières ont diminué de 0,2 Mt CO2 éq/an entre 1990 et 2015. Elle confie aussi à l’agriculture un rôle important dans la substitution des ressources fossiles grâce à la fabrication de matériaux biosourcés. Les recommandations sont assorties de points de vigilance pour une approche plus transversale des enjeux environnementaux, sans oublier les impacts sur l’économie des territoires.
Dans le détail, les agriculteurs devront réduire leurs émissions de 5 Mt équivalent CO2 à l’horizon 2028 et de 10 Mtéq CO2 d’ici à 2033 par rapport à la période 2019-2023. Pour 2028, les émissions de N2O devront être abaissées de 2 Mtéq CO2 et celles de méthane de 3 Mtéq CO2. À horizon 2033, l’effort grimpe à 4 Mt pour le protoxyde d’azote et 5 Mt pour le CH4.
Cinq axes stratégiques pour l’agriculture pour réduire les émissions de GES
La SNBC liste cinq recommandations qui ont toute en commun l’agroécologie et s’appuie sur l’agriculture de précision :
- Réduire les émissions directes et indirectes de N20 et de CH4,
- Réduire les émissions de C02 liées à la consommation d’énergie fossile et développer l’usage des énergies renouvelables,
- Développer la production d’énergie décarbonée et la bioéconomie, renforcer la valeur du secteur, stopper le déstockage du carbone des sols agricoles et inverser la tendance en lien avec le 4 pour 1000,
- Influencer la demande et la consommation dans les filières agroalimentaires en lien avec le Plan national alimentation nutrition (PNAN),
- Améliorer les méthodologies d’inventaires et de suivi.
Des points de vigilance
Sur les points de vigilance, la SNBC appelle à accompagner les débouchés des nouvelles productions, comme les légumineuses, à développer la polyculture-élevage et à faire attention à une éventuelle baisse du cheptel qui entraînerait une diminution de la disponibilité en fertilisation organique d’origine animale. Autre problématique : la réduction de l’usage des produits phytosanitaires peut s’accompagner d’une augmentation des passages mécanisés sur les parcelles et donc de la consommation de carburant. « Il importe donc de considérer les objectifs de réduction de la consommation de CO2 dans une approche globale de la performance environnementale des exploitations agricoles », avertissent les auteurs. Le texte insiste également sur la priorité donnée à l’alimentation en cas de tension sur les filières utilisatrices de biomasse dans le cadre du développement de la bioéconomie, et de l’importance à ce que le secteur agricole s’empare lui-même de la production d’énergie renouvelable.
Nombre des leviers recommandés sont déjà mis en place dans les filières agricoles. La dynamique du label Bas Carbone est largement engagée, avec en tête de fil l’élevage laitier et bovin viande. Les acteurs des filières grandes cultures ont donné le coup d’envoi de leur travail commun pour s’approprier le label bas carbone, le 12 décembre 2019.