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Pesticides dans l’air, la Chambre d’agriculture d’Occitanie donne des explications

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Les résultats sur la présence de pesticides dans l’air publiés par Atmo Occitanie a provoqué l’indignation de la Chambre régionale d’agriculture. Elle estime que les conclusions de l’étude ne mentionnent pas suffisamment les éléments de contexte du secteur agricole, jetant le discrédit sur la profession. Explications avec Denis Carretier, président de la Chambre d’agriculture.

Le printemps et l’été 2018 très pluvieux sur le Languedoc a entrainé une « pression mildiou exceptio - © D.R.
Le printemps et l’été 2018 très pluvieux sur le Languedoc a entrainé une « pression mildiou exceptio - © D.R.

La Chambre d’agriculture d’Occitanie ne décolère pas. Les résultats sur la présence de phytosanitaires dans l’air, publiés par Atmo Occitanie début novembre, « jette le discrédit sur la profession », déplore-t-elle dans une tribune du 4 décembre. Elle dénonce une mise en scène et des raccourcis faits en guise de conclusions. « En tant que membre du conseil d’administration d’Atmo, nous avions demandé que soient mis en avant des éléments explicatifs : pression sanitaire exceptionnelle en 2018 liée aux mauvaises conditions météorologiques tout comme les nombreuses actions entreprises par la profession agricole en faveur d’un moindre recours aux produits phytosanitaires », indique Denis Carretier, président de la Chambre d’agriculture.

61 molécules sur les 110 recherchées

Que dit l’étude ? Elle montre que le nombre de pesticides détectés sur neuf sites varie entre 15 et 39 ces deux dernières années, avec un maximum dans le Tarn-et-Garonne. Parmi les 110 molécules recherchées en 2018-2019, 61 ont été détectées, dont 26 fongicides, 20 herbicides, 14 insecticides et un nématicide. Le folpel, le prosulfocarbe, la pendiméthaline, le S-métolachlore et le chorpyriphos méthyl sont les plus retrouvés. L’Atmo Occitanie préconise la construction d’indicateurs, et la pérennisation, à minima, de mesures sur trois sites dans les régions des principales cultures (viticulture, arboriculture et grandes cultures/fourrage) et sur le territoire de trois grandes métropoles régionales : Toulouse, Montpellier et Nîmes.

La Chambre souhaite apporter des précisions. Elle rappelle que les agriculteurs utilisent les produits phytosanitaires en respectant une réglementation qui se renforce, citant les zones de non-traitement et la protection des riverains, les interdictions de traitement en cas de vent supérieur à 3 Beaufort, ou encore le retrait des matières actives les plus impactantes. « Cette campagne de mesures nationales coordonnée par l’Anses est exploratoire, ajoute le président. Cela veut donc dire qu’il est prématuré et dangereux de tirer aujourd’hui des conclusions sur le lien entre présence et danger. Nous ne remettons pas en cause la dangerosité potentielle des produits phytosanitaires. Mais ces travaux doivent nous permettre collectivement d’améliorer les connaissances pour aider les parties prenantes à comprendre les phénomènes en jeu. »

La météo, clé d’explication numéro un

Selon la Chambre, l’analyse de ces données montre surtout l’incidence des conditions météorologiques dans le recours aux produits phytopharmaceutiques. « Cela était bien illustré par la différence des mesures observées sur le site viticole de l’Aude entre les campagnes 2018 et 2019 concernant les fongicides », explique Denis Carretier. En effet, le printemps et l’été 2018 très pluvieux sur le Languedoc ont entrainé une « pression mildiou exceptionnellement élevée et continue » et donc un besoin de recourir à l’utilisation des produits de protection des plantes de façon plus importante pour les viticulteurs. L’année suivante, la pluviométrie plus conforme « aux normales » a permis aux exploitants de réduire leur utilisation de phytosanitaires. L’intensité du recours aux herbicides est également liée aux conditions météo : l’hiver doux et humide de fin 2019 a favorisé la pousse des adventices au printemps et a augmenté le nombre de passages de traitement. « La surveillance sanitaire des cultures et la prévision des risques épidémiologiques par filière et territoire sont indispensables pour aider les agriculteurs à prendre leur décision d’intervention et ne traiter qu’à la condition d’un risque élevé », ajoute-t-il.

Des agriculteurs engagés dans l’agroécologie

La Chambre d’agriculture rappelle que les agriculteurs occitans font évoluer leurs pratiques en faveur de la protection intégrée des cultures : un nombre croissant d’exploitations agricoles sont certifiées haute valeur environnementale ; près de 1000 fermes font partie des dispositifs Dephy et groupes 30 000 du plan Écophyto, ainsi que des GIEE. « Majoritairement accompagnés par les chambres d’agriculture, ces producteurs ont réduit de 15 à 30 % le recours aux produits phytopharmaceutiques », indique Denis Carretier qui cite également la modernisation, en cours, du  matériel de pulvérisation. « Les agriculteurs et agricultrices de la région Occitanie entendent les préoccupations de leurs concitoyens et s’engagent à leur fournir chaque jour une alimentation saine, des produits de qualité tout en leur permettant de vivre dans un environnement préservé », conclue-t-il.

L’Anses a lancé une campagne nationale exploratoire sur les pesticides dans l’air ambiant. Une étude sur laquelle elle se fondera pour proposer un protocole de surveillance pérenne des produits phytosanitaires dans l’atmosphère.