Pesticides dans l’air, l’Anses identifie 32 substances à étudier de plus près
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Les résultats de la campagne nationale exploratoire des pesticides dans l’air ambiant, ainsi que les premières interprétations conduites par l’Anses, ont été publiés le 2 juillet 2020. L’Agence de sécurité sanitaire formulera une proposition de surveillance pérenne dans les prochains mois, après avoir approfondi son analyse. Elle a, dans un premier temps, priorisé 32 substances actives.
L’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, a publié, le 2 juillet 2020, ses premières interprétations des résultats de la campagne nationale exploratoire des pesticides (Cnep) dans l’air ambiant. Cette campagne, qu’elle a menée conjointement avec l’Ineris et le réseau des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa) fédéré par Atmo France, s’est déroulée de juin 2018 à juin 2019. Son objectif est de contribuer à définir une stratégie nationale de surveillance des pesticides dans l’air. L’Agence identifie 32 substances prioritaires* « pour lesquelles des investigations approfondies sont nécessaires » afin d’orienter cette surveillance. Elle formulera une proposition de surveillance dans les prochains mois, après avoir approfondi l’exploitation des résultats de la Cnep.
Des mesures sur 50 sites
La Cnep a permis de mesurer, sur 12 mois et selon un protocole pour la première fois harmonisé, 75 substances entrant dans la composition de produits phytopharmaceutiques, de produits biocides, de médicaments vétérinaires et antiparasitaires à usage humain, dont 70 effectivement retrouvées dans l’air extérieur.
La répartition des 50 sites de prélèvements a couvert l’ensemble des régions et pris en compte les différents types de zones d’habitation (50 % de sites urbains/péri-urbains et 50 % de sites ruraux) et de productions agricoles : 26 % de sites en grandes cultures, 18 % de sites viticoles, 20 % de sites arboricoles, 10 % de sites en maraîchage, 6 % de sites d’élevage et 20 % de sites sans profil agricole majoritaire.
Environ 1 300 analyses sont disponibles pour chacune des substances. « La France est un des seuls pays en Europe, avec la Belgique, à avoir engagé ce type de campagne pour mesurer les pesticides dans l’air ambiant à l’échelle nationale », souligne l’Anses.
L’Agence précise que les métabolites issus de la transformation des substances actives après leur usage peuvent être communs à plusieurs substances actives. Il n’est pas toujours possible d’établir un lien clair entre la détection environnementale d’une substance active ou d’un métabolite et un usage précis.
Les résultats montrent que des substances sont majoritairement associées à certaines productions agricoles sans pour autant être absentes des autres profils. Ainsi, la présence de prosulfocarbe, de pendiméthaline et de triallate est plus marquée sur les sites de grandes cultures, celle du folpel sur les sites de viticulture et celle du S-métolachlore sur les sites d’arboriculture. Les variations temporelles des concentrations obtenues sont globalement cohérentes avec celles des périodes traditionnelles connues de traitements sur le territoire métropolitain.
Surveiller de près le lindane
Le premier travail d’interprétation sanitaire des résultats réalisé par l’Anses ne met pas en évidence de problématique sanitaire forte associée à l’exposition de la population générale via l’air extérieur, « hors source d’émission de proximité ». Il conduit par ailleurs à prioriser la surveillance de 32 molécules, dont 9 interdites. Parmi elles, le lindane est considéré comme l’une des plus dangereuses. Alors que cette substance est interdite en France depuis de nombreuses années, elle est quantifiée dans près de 80 % des échantillons analysés. Raison pour laquelle l’Anses annonce engager rapidement un examen approfondi de sa situation. Et ce, afin d’identifier les motifs de sa persistance, d’estimer les expositions cumulées par les différentes voies (respiratoire, alimentaire, cutanée) et milieux d’expositions (air extérieur, intérieur…), et d’émettre des recommandations pour limiter les contaminations.
L’Agence poursuivra un travail analogue pour les huit autres substances interdites.
*Deltaméthrine, Diuron, Étofenprox, Métribuzine, Myclobutanil, Phosmet, Perméthrine, 2,4-Di, Boscalid, Chlorpropham, Cyprodinil, Fenpropidine, Fluazinam, Folpel, Glyphosate, Métazachlore, Pendiméthaline, Propyzamide, Pyriméthanil, S-métolachlore, Spiroxamine, Tébuconazole, Triallate + 9 substances interdites : Époxiconazole, Fénarimol, Iprodione, Lindane, Linuron, Pentachlorophénol, Chlorothalonil, Chlorpyriphos-éthyl, Oxadiazon.