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Pesticides et exposition des riverains, l’Anses se penche sur une étude de Générations futures

Le | Politique

L’Anses s’est livrée à l’analyse d’une étude publiée par Générations futures concernant l’exposition des riverains aux pesticides. Les points forts et faibles du protocole de l’ONG sont listés dans un rapport publié en avril. L’étude de ce cas concret est l’occasion pour l’agence de resituer ses préconisations et avis globaux en la matière.

Le tribunal d’Orléans a annulé les arrêtés préfectoraux de cinq départementaux portant sur des chart - © D.R.
Le tribunal d’Orléans a annulé les arrêtés préfectoraux de cinq départementaux portant sur des chart - © D.R.

Saisie par Générations futures, l’Anses s’est penchée sur l’une des études publiées par l’ONG en 2022, intitulée « Pesticides, c’est dans l’air ! ». Dans ce travail, Générations futures avait placé deux capteurs en bordure de parcelle, à 1 mètre et 33 mètres de distance. L’objectif était de prouver l’inefficacité des ZNT mises en place par le Gouvernement (dont les plus importantes mesurent 20 mètres) pour les parcelles jouxtant des habitations. Les quantités détectées à 33 mètres des champs étaient censées conforter l’ONG dans sa revendication de ZNT de 100 mètres. Le rapport de l’agence, accessible depuis le 12 avril 2023, évoque les « limites » de ce protocole, malgré la compétence du laboratoire mobilisé et des choix « judicieux » dans l’expression des résultats.

Un protocole à compléter

En effet, si des différences significatives sont bien observées entre les capteurs pendant certaines périodes et pour certaines substances, pouvant se justifier par un effet distance, ce n’est pas le cas pour toutes les molécules recherchées. L’Anses émet donc une série de recommandations nécessaires pour compléter ce protocole et être en mesure de « tirer des conclusions solides et chiffrées pour distinguer la contamination ambiante de l’effet de cette distance ».

L’Anses rappelle les références en matière d’exposition des riverains

L’une des questions posées par la saisine de Générations futures portait sur la pertinence d’utiliser le protocole de « Pesticides, c’est dans l’air ! » dans les dispositifs de surveillance en vigueur en France. « Les données issues de [cette étude] ne peuvent pas être utilisées dans le cadre des évaluations quantitatives des risques sanitaires », répond l’Anses. Les experts de l’agence notent en effet que pour Générations futures, les quantités de pesticides « sont exprimées en termes de masse piégées (ng) et non de concentrations (ng/m3 ), cela […] ne permet pas de qualifier l’importance relative de la présence des composés retrouvés ni d’évaluer leur impact sanitaire potentiel ».

L’Anses conclut en rappelant que « le document guide de l’Autorité européenne de sécurité des aliments de 2022 présente actuellement la méthodologie la plus complète […] pour estimer les risques et l’exposition des riverains », malgré des lacunes bien identifiées. Le rapport insiste enfin sur la recommandation, que l’Anses a formulée en 2019, de généralisation des dispositifs limitant la dérive pour protéger l’environnement et les personnes lors des applications.