Pesticides, les États membres abusent des dérogations selon PAN Europe
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Pour les États membres, un produit phytosanitaire interdit reste trop souvent utilisable, déplore PAN Europe dans un rapport publié le 12 janvier. L’ONG chiffre le nombre de dérogations accordées, entre 2018 et 2022 pour 14 produits, à 236.
« Une faille dont les États membre abusent. » C’est en ces termes que l’ONG Pesticide Action Network (PAN Europe) qualifie le recours aux dérogations accordées pour des produits phytosanitaires en principe interdits. Le 12 janvier, PAN Europe publie un rapport sur le sujet, dans lequel sont listées les dérogations accordées, entre 2019 et 2022, pour 14 substances actives « hautement toxiques pour la santé humaine et l’environnement » ou « contribuant à l’augmentation des agents pathogènes résistants aux antibiotiques » (1). Selon le rapport, pas moins de 236 dérogations ont été validées sur cette période.
Seulement quatre dérogations pour la France
La France n’est pas la plus concernée, avec seulement quatre occurrences, contre 20 pour l’Autriche, 18 pour la Finlande et 17 pour le Danemark. Les quatre cas propres à la France concernent les néonicotinoïdes. PAN Europe constate justement que cette famille d’insecticides est particulièrement représentée dans son rapport avec 112 dérogations (47,5 % du total), en cumulant tous les États membres, dont 50 pour le seul thiametoxam.
Dans ces conclusions, PAN Europe conteste « la situation de réelle urgence » censée justifier les dérogations, et pointe l’opacité, « dans certains pays », sur l’identité du demandeur. Selon le comptage de l’ONG, les pouvoirs publics ne sont impliqués que dans 17,4 % des cas, contre 36,4 % pour les secteurs phytosanitaire et semencier, 32,6 % pour la profession agricole et 12,7 % pour la filière sucrière.