PJLOA : « Avec ce Premier ministre ou un autre, les questions demeureront » (Arnaud Rousseau, FNSEA)
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Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a réagi le 12 juin 2024 à la tenue de nouvelles élections législatives les 30 juin et 7 juillet prochains suite à la dissolution de l’Assemblée nationale. Regrettant l’arrêt du parcours législatif de la PJLOA, récemment votée par les députés, il appelle le prochain locataire de Matignon à se saisir des dossiers portés par le texte de loi.
« Si jamais le RN arrive au pouvoir, nous aurons des sujets concernant l’agriculture, notamment les échanges commerciaux internationaux et les relations avec l’UE, sur lesquels je ne connais pas leur doctrine. Si demain Jordan Bardella est Premier Ministre, les premières questions que je lui poserai seront : quelle est sa vision de l’économie agricole ? Quelle est sa vision sur les échanges de denrées agricoles arrivant ou partant de France ? Quelle est sa vision sur l’impact de la France en Europe ? Tout le monde a oublié que nous étions sur un sujet européen et ma préoccupation du moment est de savoir qui choisira le commissaire européen. Jordan Bardella, le Président de la République, ou les deux ? », a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, le 12 juin 2024, après la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin et la tenue de nouvelles élections législatives le 30 juin et le 07 juillet.
« À la FNSEA, nous avons la même position : nous sommes un corps intermédiaire qui discute avec les gouvernements que les Français ont élu démocratiquement. Si le RN est porté au Gouvernement et décide de mettre de côté le projet de loi d’orientation agricole (PJLOA), qu’il n’a pas voté, les problèmes que soulève cette loi demeurent : la compétitivité, l’installation/transmission, la simplification des entreprises. J’observerai ce qu’ils proposeront à ce moment. Il y a, d’un côté, être dans l’opposition et, dans l’autre, être à la manœuvre », indique le dirigeant syndical.
« Plus d’incertitudes si le RN arrive au Gouvernement »
« La FNSEA n’est pas un syndicat politique mais un syndicat professionnel. Nous parlons avec tous les représentants élus du peuple. À ce titre, j’ai rencontré, au moment du salon de l’Agriculture (SIA), Jordan Bardella, Marine Le Pen, comme j’ai rencontré des représentants de LFI et d’EELV. Je discuterai avec le futur gouvernement des mêmes choses discutées avec l’ancien. Les sujets sont toujours sur la table. Avec ce Premier ministre ou un autre demain, les questions demeureront. Il ne faut pas penser que l’arrivée de tel ou tel Premier Ministre, quelle qu’en soit la couleur politique, répondrait aux interrogations du monde agricole », estime Arnaud Rousseau, en précisant qu'« il y a plus d’incertitudes concernant le RN car c’est un parti qui n’a jamais gouverné et on ne voit pas bien, sur le volet agricole, quelle est la mise en route de leur programme ».
« Notre volonté demeure de voir une remise en cause du Green Deal et de son volet décroissant, de réaffirmer la souveraineté alimentaire nationale, d’attirer de nouveaux talents pour le renouvellement des générations… C’est le projet pour lequel j’ai été élu à la FNSEA et que je continuerai à porter », assure son président.
« Que ce texte passe ou non, on ne passera pas à côté de cette loi »
Sur l’arrêt du parcours législatif du PJLOA, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, Arnaud Rousseau reconnaît : « Il y a un côté déceptif, c’est sûr, quand vous faites travailler des gens pendant 4-5 mois, jour et nuit, et que tout à coup, tout est suspendu… Maintenant, la loi peut tout à fait reprendre sa marche en avant au Sénat, en juillet. Que ce texte passe ou non, on ne passera pas à côté de cette loi. »
« Je ne suis pas attaché à un mot en particulier, mais à une vision politique : est-ce qu’on réaffirme la souveraineté alimentaire ? Est-ce qu’on réaffirme que l’agriculture est d’intérêt général majeur ? Est-ce qu’on réaffirme la nécessité d’une simplification du métier ? Est-ce qu’on est capable d’avancer sur le stockage de l’eau, sur les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) ? Ce dialogue, je l’ai porté avec Gabriel Attal ; je le porterai demain avec Jordan Bardella ou quelqu’un d’autre », affirme le président de la FNSEA.
Aides non versées : « Une administration complètement décorrélée des réalités »
« Ce que me demandent les adhérents en ce moment, c’est quand recevront-ils les Mesures agro-environnementales (MAE) et les aides à l’agriculture biologique ? Certains ont déposé leur dossier le 15 mai 2023, il y a plus d’un an ! On a une administration complètement décorrélée des réalités : quelqu’un accepterait-il de ne pas être payé de ce qui lui a été promis ? Le Premier ministre avait annoncé un paiement au 15 mars, ensuite on nous a dit que cela ne concernerait que les aides de base et pas le reste. Maintenant, on nous annonce le 30 juin : je vous dis que le 30 juin, ce ne sera pas plus payé », s’insurge Arnaud Rousseau. Qui annonce d’ores et déjà la tenue de nouvelles manifestations cette semaine : « Nous avions lancé un ultimatum au Gouvernement, avant les élections européennes. Le fait que les paysans râlent car ils ne sont pas payés, ce n’est pas nouveau, et la dissolution de l’Assemblée nationale n’a pas changé l’affaire. »