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Plan de relance, les ambitions saluées, les actions attendues

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Jean Castex a présenté le 3 septembre le Plan de relance de l’économie française. La souveraineté alimentaire et la transition agroécologique sont au cœur du volet agricole. Les acteurs agricoles ont fait part de réactions mitigées. Si les ambitions sont saluées, ils insistent sur le fait que ce Plan sur deux ans ne doit être qu’une étape pour accompagner les nombreux défis à relever par l’agriculture.

Plan de relance, les ambitions saluées, les actions attendues
Plan de relance, les ambitions saluées, les actions attendues

Souveraineté alimentaire, transition agroécologique, adaptation au changement climatique, voilà les trois grands axes du volet agricole du Plan de relance, présenté le 3 septembre. Doté de 1,2 milliard d’euros pour les deux prochaines années, cette ensemble de mesures découle de la vision du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, entré en fonction début juillet. Au sein du secteur agricole, les réactions ne se sont pas fait attendre. Si « les orientations et les actions identifiées » ont été saluées dans les rangs de la Coopération agricole, l’organisation prévient cependant que les enjeux « dépassent » l’objectif fixé par le Plan de relance. « La France pourrait connaître la fin de son excédent commercial agricole dès 2023. L’horizon des transitions de notre modèle agricole et agroalimentaire de la fourche à la fourchette va bien au-delà de 2022 et il se joue à l’échelle des territoires, de la France et de l’Union européenne », insiste Dominique Chargé, le président de la Coopération agricole. Le réseau de coopératives en appelle ainsi à l’instauration d’un Fonds pour la transition agroécologique.

« Un premier pas » vers la souveraineté alimentaire

Une position partagée par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). La structure se félicite de l’existence même de ce volet agricole et des moyens y étant attribués. Mais le syndicat insiste : les mesures annoncées ne sont pas « un aboutissement, mais une étape pour tendre vers l’objectif de souveraineté ». La FNSEA explique être désormais attentive à « la traduction du Plan de relance dans les faits, en insistant sur le nécessaire maintien de la compétitivité de l’agriculture française, via le soutien de l’agriculture de précision, du numérique, les énergies renouvelables issues de la biomasse, du biocontrôle. « La voie de la souveraineté est maintenant tracée, mais, il faut que l’intendance suive », conclue le syndicat.

Le Plan protéines salué

Attendu depuis des mois, le plan protéines a finalement été annoncé dans le cadre du Plan de relance. Si les acteurs de la filière se réjouissent de cette annonce, ces derniers se disent également attentifs à la suite des événements. « Cet investissement de 100 millions d’euros est une première étape importante en faveur d’un plan protéines ambitieux et attendu de longue date. L’ensemble des acteurs de la filière tient à rappeler qu’ils resteront vigilants quant à l’efficacité de la mise en œuvre et l’adéquation des moyens avec les objectifs », affirment dans un communiqué commun Terres Inovia, Terres Univia, Avril et la Fop.

Des moyens insuffisants pour la Coordination rurale

D’autres voix moins enthousiastes se sont néanmoins fait également entendre. Au sein de la Coordination rurale, les annonces « vont dans le bons sens », mais les moyens financiers ne sont pas à la hauteur des ambitions. Le syndicat attend des mesures complémentaires, pour assurer leur concrétisation, comme la taxation des protéines importées de pays hors de l’UE, la cohérence de la Pac avec le Plan de relance, et la mise en œuvre d’une exception agriculturelle. Une enveloppe en-dessous des attentes également pour la Confédération paysanne. « L’enjeu agricole et alimentaire aurait nécessité plus qu’un aussi maigre pourcentage sur l’enveloppe des 100 milliards d’euros et exigé la refonte des politiques agricoles et alimentaires », regrette le syndicat. La déception est encore plus franche chez la Fondation Nicolas Hulot, qui avait publié en amont de la présentation du Plan de relance ces propositions en la matière. Selon l’ONG, la transition agroécologique serait la « grande oubliée », jugeant l’accompagnement du secteur agricole « à la marge ». La FNH regrette enfin les 250 millions d’euros fléchés vers l’agroéquipement, la structure ayant appelé dans ses propositions à ne pas financer l’agriculture de précision.