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Ratification du Ceta, le secteur agricole condamne « le désaveu des standards de qualité européens »

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Après un premier report, l’accord de libre-échange du Ceta, avec le Canada, a été adopté par l'Assemblée nationale, le 23 juillet. Avec 266 voix pour, et 213 contre, mais également près de 50 absentions dans la majorité, l’engouement n’est pas total, bien que suffisant. L’hémicycle donne ainsi son accord à l’importation, en Union européenne, de 80 000 tonnes de viande porcine, de 65 000 tonnes de viande bovine, mais aussi des contingents importants de sucre et d’éthanol, à droits de douane nuls.

Un accord à l’opposé des EGA pour le secteur agricole

« Ce sont les standards sanitaires, environnementaux et de qualité française et européenne, demandés chaque jour à nos agriculteurs, notamment suite aux EGA, qui sont désavoués par ce vote ! », s’insurgent la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et Jeunes agriculteurs (JA) dans un communiqué commun. Au sein du secteur agricole, les inquiétudes concernent en effet, en premier lieu, la concurrence déloyale que les produits canadiens représenteraient. La crispation concerne également l’utilisation de farines animales dans l’alimentation des bœufs, mais aussi d’antibiotiques pour accélérer la croissance des animaux. Pour la Coordination rurale, ce vote acte « la disparition de l’élevage français ». Et de rappeler que l’article 44 de la loi issue des États généraux de l’alimentation interdit l’importation de denrées agricoles ou alimentaires ne respectant pas les exigences de la règlementation européenne. Même son de cloche pour le collectif Stop Tafta/Ceta, dont fait partie la Confédération paysanne, qui regrette ce vote à l’heure de « l’urgence climatique ».

Les ONG également en colère

Une colère partagée par de nombreuses ONG, qui avaient pris position contre le Ceta. Tout comme pour les acteurs du secteur agricoles, les normes sanitaires et environnementales canadiennes sont au cœur des inquiétudes. Foodwatch condamne un « passage en force » du gouvernement, quand Greenpeace voit dans ce vote « le clap de fin de l’acte 2 du quinquennat soi-disant dédié à l’accélération écologique ». Sur Twitter, le rapporteur de la loi Egalim et député LREM, Jean-Baptiste Moreau, rappelle ses propos précédant le vote : « En tant que petit-fils, fils et éleveur de vaches Limousines, si j’avais le moindre doute sur la mise en danger d’une de nos filières les plus fragiles, je serais le premier à refuser de ratifier le Ceta. Mais tel n’est pas le cas. L’agriculture française a besoin d’exporter ! » Si le résultat du vote est allé dans son sens, ses arguments sont loin d’avoir apaisé les craintes des opposants au Ceta. La FNSEA craint ainsi que cette ratification ne « pave la voie à de nouveaux accords internationaux aberrants comme celui du Mercosur », qui suscite également de grandes inquiétudes.