Report du règlement contre la déforestation : un risque de détricotage selon Commerce Équitable France
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Le report du règlement européen contre la déforestation suscite des inquiétudes chez les acteurs du commerce équitable. Ils craignent une situation de concurrence déloyale et une révision à la baisse du règlement
« Commerce Équitable France déplore la décision de report de l’entrée en application du règlement européen de lutte contre la déforestation (RDUE) et craint que derrière une décision technique ne se cache une décision politique de liquidation d’un dispositif ambitieux et original de lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité », indique Commerce Équitable France le 10 octobre 2024.
La Commission européenne a proposé le report d’un an de l’entrée en application du RDUE, le 2 octobre 2024, afin de permettre aux parties prenantes concernées de mieux préparer la mise en œuvre de ce règlement.
Fragiliser les initiatives déjà prises
« Le report de la mise en application du RDUE pourrait fragiliser les initiatives déjà prises par certains acteurs pour se mettre en conformité avec les nouvelles exigences. Ce délai ne doit pas créer une situation de concurrence déloyale pour ceux qui ont investi dans la lutte contre la déforestation », déclare José Tissier, président de Commerce Équitable France.
Les acteurs du commerce équitable appellent à concentrer les efforts des douze prochains mois sur les leviers permettant la mise en conformité des filières, à savoir des relations commerciales plus équitables et le renforcement de capacité des coopératives de producteurs, indique Commerce Équitable France.
Difficulté des petits producteurs pour être en conformité avec RDUE
Une étude commandée en 2024 par Commerce Équitable France, AVSF et le Réseau Ivoirien du Commerce Équitable, réalisée par l’IDEF et BF Consult, met en effet en lumière les difficultés rencontrées par les petits producteurs de cacao et de café pour se conformer au RDUE. Ceux-ci, cultivant sur des parcelles de 1 à 4 hectares, vivent souvent avec moins de 2 dollars par jour. « Le coût des investissements technologiques nécessaires à la traçabilité dépasse largement leurs capacités financières », indique le rapport.
Selon l’étude IDEF/BF Consult, les coopératives certifiées commerce équitable, qui bénéficient de partenariats commerciaux stables, sont parmi les mieux préparées pour se conformer aux nouvelles règles.
« Si le report du texte peut donner plus de temps aux producteurs pour s’y conformer, il ne doit pas être une excuse pour revoir ses exigences à la baisse », alerte Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France.