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Transition agroécologique, la Nouvelle Aquitaine mise sur les lycées agricoles

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Parmi les 33 lycées agricoles de Nouvelle-Aquitaine, 25 sont déjà certifiés bio ou HVE. Un bon score, qui n’empêche pas le Conseil régional de vouloir amplifier le rôle de ces établissements dans la transition agroécologique. Des pistes sont lancées.

Transition agroécologique, la Nouvelle Aquitaine mise sur les lycées agricoles
Transition agroécologique, la Nouvelle Aquitaine mise sur les lycées agricoles

La Nouvelle-Aquitaine veut s’afficher comme un maillon essentiel de la transition agro-écologique. Outre sa feuille de route Neo Terra, elle souhaite impliquer davantage les lycées agricoles dans cette démarche. « Toutes les exploitations agricoles des lycées devraient avoir un atelier en agriculture biologique et être certifiées haute valeur environnementale, HVE », estime Thierry Coutand, directeur de l’agriculture à la Région, lors d’une conférence organisée par cette dernière, le 2 décembre. Acteurs de la recherche et de l’enseignement secondaire et supérieur étaient réunis pour dégager des pistes d’évolutions pour les établissements agricoles. Au Conseil régional, les priorités sont claires : accompagner au mieux les transformations dans les exploitations et valoriser les métiers liés à l’agroécologie auprès des jeunes.

AgroSmartCampus, associer les lycées à la recherche

Les fermes des lycées sont une source d’innovation. Guillaume Dupuits, directeur du lycée de Montmorillon, constate qu’ « il y a une forte mobilisation des écoles pour répondre à la mise en œuvre des politiques publiques ». À l’heure actuelle, 25 des 33 lycées de Nouvelle Aquitaine sont certifiés agriculture biologique ou HVE. Ils s’investissent également dans des Réseaux mixtes technologique, des projets Casdar et des Groupements d’intérêt écologique et économique (GIEE). Les directeurs souhaitent aller plus loin, en renforçant cette démarche de transition.

Pour cela plusieurs pistes sont évoquées, comme l’association des lycées avec des structures de recherche et l’enseignement supérieur. La communauté interactive AgroSmartCampus, lancée en 2018 par la Région et l’Inrae met en réseau ces acteurs par du partage de connaissance, des échanges d’expérience, des projets conjoints, des expérimentations et des projets de recherche.

Ce réseau a d’ailleurs permis de renforcer la coopération entre Bordeaux science agro (BSA) et les lycées, les étudiants réalisant des travaux sur les fermes des lycées comme des études de conversion bio, la mise en place de pâturage tournant dynamique, etc… « Une multitude de collaborations sont envisageables entre BSA et les établissements agricoles », estime Nathalie Goubet, animatrice à BSA.

Rapprocher les lycées agricoles du grand public

L’ancrage territorial des lycées agricoles est un facilitateur de communication. « Ils devraient être  au cœur de la relation entre le monde agricole et le grand public », estime Thierry Coutand. Bien que leurs démarches de transition écologique soient lancées, les directeurs de lycée constatent qu’elles sont « mal valorisées et peu connues ». Ils voudraient que des projets comme celui de l’Association des Coordonnateurs de groupements d’achat d’établissement public local d’enseignement de Nouvelle-Aquitaine (Acena), une plateforme de vente des productions des lycées mise en place pendant le premier confinement, soient reconduits.

Ce rapprochement faciliterait le contact avec les jeunes, et leur présenterait les opportunités professionnelles que représentent les lycées agricoles. Jean-Baptiste Sirieix, président du réseau Civam Nouvelle-Aquitaine, rappelle par ailleurs que la plupart des agriculteurs sont passés par des lycées agricoles. « Ainsi, si la transition se fait dans ces établissements, elle se répercutera dans leurs pratiques futures », indique-t-il. « Ces efforts faits dans les lycées parviennent à modifier les mentalités et les idées reçues dans l’environnement des élèves, chez leurs parents agriculteurs par exemple » ajoute Isabelle Blanchard, proviseure adjointe du lycée agricole de Blanquefort.

Des apports financiers nécessaires

Pour réaliser ces objectifs, des apports financiers sont à prévoir. Les établissements ne sont pas tous aux normes, et celles-ci demandent des investissements importants. Denis Boulenger, directeur d’exploitation du lycée de Melle, dresse un constat similaire : « Des leviers comme les appels à manifestation d’intérêt et le Casdar existent, mais des difficultés structurelles, des manques de moyens et de temps freinent nos ambitions. Il faut co-construire la transition avec le Conseil régional et la Draaf. » Le Conseil régional quant à lui promet que des aides financières viendront.

La formation des équipes pédagogiques est également au cœur du débat. Entre professeurs expérimentés qui s’approprient difficilement le sujet, et enseignants trop éloignés de ce qui se passe dans la ferme, les efforts réalisés n’atteignent pas forcément de la même manière toutes les oreilles du corps enseignant. « Il faut former les enseignants et qu’ils deviennent avec les élèves des ambassadeurs de l’agroécologie » conclue Isabelle Blanchard.