Un centre de ressource web annoncé « incessamment » par la mission parlementaire dédiée à la sortie du glyphosate
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Dans une semaine rythmée par la décision du tribunal administratif de Lyon, interdisant le Roundup Pro 360, la mission parlementaire dédiée à la sortie du glyphosate proposait à la presse un premier point sur son action, le 17 janvier, à l’Assemblée nationale. Une première annonce a été faite : « Un centre de ressource web recensant de manière très technique les pratiques alternatives au glyphosate sera en ligne dans quelques jours », a assuré le président de la mission, Julien Dive (Aisne, LR). Il sera destiné aux agriculteurs, mais aussi « et surtout » à leurs conseillers. « L’exploitation agricole type n’existant pas, charge à ces derniers d’adapter le contenu des fiches au cas par cas », insiste-t-il.
La mission parlementaire compte beaucoup sur ce nouvel outil, quelques semaines après le lancement de la « start-up d’État » proposée par Emmanuel Macron, qui n’a pas rencontré le succès escompté. Julien Dive et Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse et corapporteur de la mission ont d’ailleurs reconnu la « maladresse » de ce premier site, perçu par la profession comme une manière de hiérarchiser les agriculteurs selon leur utilisation ou non du glyphosate.
D’une audition à l’autre
Pour le reste, l’heure est à l’audition et à la consultation. Les membres de la mission ont reçu, depuis septembre, les ministres de l’Agriculture, de la Transition énergétique, des représentants de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea). Le 17 janvier, c’était au tour du président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) Claude Cochonneau, et de Pierre-Étienne Bisch, désigné par le gouvernement coordinateur du Plan de sortie du glyphosate, le 1er décembre dernier.
Le coordinateur Bisch compte sur les filières
Ce dernier a notamment été questionné sur la décision du tribunal administratif de Lyon. « Il est trop tôt pour commenter cette décision, qui peut encore faire l’objet d’un appel. Je ne parlerai pas d’une course de vitesse entre action politique et justice, mais plutôt de voies possiblement complémentaires d’aller dans la même direction. » Pierre-Étienne Bisch dit également compter sur des filières « motrices » pour sortir du glyphosate. Il leur a d’ailleurs fait savoir dans un courrier envoyé début janvier.
Agir au niveau de l’Europe
Au-delà des auditions, Jean-Baptiste Moreau assure que des démarches sont en cours pour essayer de convaincre d’autres États membres de suivre le rythme de la France en visant un arrêt de la molécule pour 2020. Les membres de la mission veulent aussi s’assurer que l’UE sera attentive aux produits importés en Europe et cultivés à l’aide de glyphosate. « La réussite nationale est conditionnée aussi par le contexte communautaire », juge Jean-Baptiste Moreau.
Rugy prévoit de légiférer en 2021, si nécessaire
Questionnés sur la possibilité de légiférer en cas de trajectoire trop lente, les membres de la mission ont assuré que la question était prématurée. « Nous n’avons pas souhaité intégrer de mesures coercitives dans la loi Égalim, car nous préférons avancer dans la confiance et non dans la contrainte. Ce sera notre ligne de conduite jusqu’à 2020 », conclut Jean-Baptiste Moreau. Interrogé dans l’émission Envoyé spécial, le soir-même sur France 2, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a été plus direct, affirmant être prêt à faire voter une loi couperet en 2021, dans le cas où la sortie progressive prévue n’aurait pas abouti.
Début février, la mission se rassemblera de nouveau, et les syndicats agricoles seront à leur tour entendus. Des points seront proposés à chaque date anniversaire du lancement de la mission, soit le 27 septembre de chaque année, jusqu’à 2020.