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Un rapport du CGAEER aborde le prix du bien-être animal à travers un prisme européen

Le | Politique

En vue d’aiguiller les politiques nationales en matière de bien-être animal, mais aussi de se forger une position à défendre au niveau européen, le CGAAER a rédigé un rapport, interrogeant différents États membres et pays tiers. Un chapitre est consacré à l’aspect économique du bien-être animal.

Un rapport du CGAEER aborde le prix du bien-être animal à travers un prisme européen
Un rapport du CGAEER aborde le prix du bien-être animal à travers un prisme européen

Le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) publie, le 1er février, un rapport centré sur le bien-être animal. L’approche se veut internationale : onze États membres et cinq pays tiers (1) ont répondu à un questionnaire. Le ministère de l’Agriculture compte sur ce rapport pour élaborer une stratégie nationale sur le bien-être animal, et se positionner en vue de la révision de la législation dédiée au sein de l’UE. Les propositions de la Commission européenne sont attendues pour fin 2023. L’un des sept chapitres aborde spécifiquement le coût du bien-être animal, et son potentiel effet sur la compétitivité des filières d’élevage.

Bien-être animal, un coût et des atouts

La Suède estime que le bien-être animal ne représente pas qu’un coût : il contribue à des animaux « en meilleure santé […], avec une meilleure croissance, moins de frais vétérinaires […], et en même temps une confiance plus forte des consommateurs ». Reste que ces bénéfices ne compensent pas l’ensemble des frais générés (main d’œuvre, alimentation, matériel ou espace supplémentaire). Pour les pays interrogés, « il est communément admis que l’ensemble de la filière, jusqu’au consommateur, doit supporter ce [sur]coût, et pas seulement l’éleveur », note le CGAAER. Un chapitre entier du rapport porte d’ailleurs spécifiquement sur l’étiquetage valorisant les pratiques vertueuses, comme moyen de sensibilisation du consommateur.

Des leviers de financements identifiés

L’Allemagne explique justement avoir largement communiqué auprès du grand public sur le prix du bien-être animal avant de lancer un label dédié, en 2019. Un plan de soutien de 300 M€ a été mis en place sur 2020 et 2021. Une taxe prélevée lors de l’achat de produits animaux, affectée au financement du bien-être animal, y est même envisagée. Un prix de vente plus élevé et des aides : deux moyens de soulager les filières, mais pas de quoi empêcher la productivité de chuter. « Dans les années qui ont suivi l’interdiction de l’élevage en batterie, le taux d’autosuffisance en œufs de l’Allemagne a chuté de plus de 10 points  », note le CGAAER. Hors UE, si la Suisse propose des subventions spécifiques, ce n’est le cas ni aux États-Unis, ni au Brésil.

Clauses miroirs, encore et toujours

Le rapport aborde aussi le risque de perte de compétitivité, en cas de réglementations mieux-disantes au sein de l’UE. Les États membres conviennent que « la concurrence des produits importés est une plaie que les accords de libre-échange ne parviennent pas à soigner ». Une unanimité qui n’accouche d’aucune réelle mesure jusqu’à présent. Seule la réglementation sur l’abattage fait partie intégrante des conditions d’accès de la viande au marché européen. Le 28 juin, toutefois, le Conseil, le Parlement et la Commission ont souligné l’importance d’appliquer les normes de production de l’UE aux produits importés, y compris en matière de bien-être animal, et un rapport à ce sujet doit être présenté en juin 2022. Sans surprise, les pays tiers se montrent réticents à cette perspective.

Les six autres chapitres du rapport :

  • importance accordée au bien-être animal dans les politiques,
  • normes de productions liées au bien-être animal,
  • valorisation du bien-être animal via l’étiquetage,
  • transport des animaux de rente,
  • animaux de compagnie,
  • animaux de sport et loisir.

(1) Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, Irlande, Italie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Suède ; et Brésil, Canada, États unis, Royaume uni, Suisse.