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48 à 144 Mteq CO2 pourraient être séquestrés par l’agroforesterie et le semis sous couvert

Le | Projets-territoriaux

Alain Canet, président de l’Association française d’agroforesterie (Afaf), et Konrad Schreiber, chef de projet à l’Institut de l’agriculture durable, ont remis le 28 avril un rapport sur l’agroforesterie et les couverts végétaux à Stéphane Le Foll. Selon le rapport, le passage du modèle «  classique » à une agriculture « du génie végétal » associant le semis direct sous couvert (SCV) et l’agroforesterie permettrait d’alléger significativement le bilan carbone de l’agriculture, tout en augmentant et diversifiant la production à l’hectare et en améliorant la durabilité des systèmes. Les estimations indiquent qu’un tel changement de pratiques engendrerait un potentiel de séquestration du carbone dans les sols agricoles situé entre 48 et 144 Mteq CO2 par an en France, soit 53 à 160 % des émissions de GES imputables à l’agriculture. Avec le SCV, la production de carbone organique, principal constituant des matières organiques dans le sol, atteint 12,5 tonnes par hectare et par an. Un chiffre qui monte à 15,6 tonnes en associant l’agroforesterie, contre 7 tonnes dans un modèle classique. Par ailleurs, les expériences de terrain chez les agriculteurs montrent une baisse de la consommation de carburant, des apports d’azote, de l’irrigation et des produits phytosanitaires. Formation, compensation, dispositif fiscal Les auteurs formulent plusieurs recommandations. Ils souhaitent mettre en place un dispositif statistique pour suivre l’évolution de la pratique, sécuriser les relations propriétaires-fermiers en permettant de valoriser les arbres plantés au moment de la cession du bail, développer la recherche pour mesurer les services économiques rendus, renforcer les dispositifs de formation, mettre en place un réseau de conseillers agroforestiers avec les chambres d’agriculture, rendre cohérents les dispositifs d’aides communautaires, conduire des opérations de promotion de l’arbre et de la haie et les mettre en valeur dans les signes de qualité et les groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE), mettre en place des plans de gestion durable du bocage par un dispositif de certification notamment pour la cogénération, favoriser les compensations carbone avec l’agroforesterie, ou encore étudier la mise en place de leviers fiscaux. Le rapport se fonde sur l’expérience des 10 000 agriculteurs impliqués dans l’agroforesterie et les couverts végétaux, sur un suivi plus ciblé de 3000 exploitants et une analyse encore plus fine de 300 agriculteurs, notamment dans le cadre du projet Agr’eau dans le Sud-Ouest. Il amène des résultats en vigne, maraîchage, grandes cultures et élevage. « Il y a eu des erreurs en agroforesterie et dans la mise en place des couverts végétaux qui sont aujourd’hui digérées, reconnaît le président de l’Afaf. Ce sont aujourd’hui deux techniques qui fonctionnent bien et qui sont demandées par les agriculteurs. »

Lien vers le rapport : La couverture végétale des sols et les pratiques agroforestières, au service de territoires productifs et durables