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ABC’Terre, une méthode pour accroître le stockage du carbone en fonction du territoire

Le | Projets-territoriaux

Proposer des actions personnalisées en fonction du territoire, des pratiques agricoles et des systèmes de cultures, pour accroître le stockage du carbone dans les sols et réduire les émissions de GES, c’est l’ambition de la méthode ABC’Terre, coordonnée par AgroTransfert. Une version finalisée a été présentée le 3 décembre, lors d’un webinaire. Elle sera disponible à partir du 1er janvier 2021.

ABC’Terre, une méthode pour accroître le stockage du carbone en fonction du territoire
ABC’Terre, une méthode pour accroître le stockage du carbone en fonction du territoire

C’est le résultat de près de dix années de travail. Le 3 décembre, les différents partenaires du projet ABC’Terre ont présenté leur méthode pour calculer le potentiel de stockage de carbone et de réduction des émissions de GES d’un territoire donné. « L’Inrae a calculé le potentiel de séquestration à 31 Mt CO2 eq / an à l’horizon 2050, sans remise en cause des systèmes de production actuels, nous voulons traduire ce potentiel dans l’ensemble des territoires, en prenant en compte les pratiques et interrogations des agriculteurs », explique en introduction du webinaire de présentation de la méthode, Thomas Eglin, ingénieur à l’Ademe. Le projet, soutenu financièrement par l’Ademe et l’UE, est piloté par AgroTransfert et compte de nombreux partenaires, dont AgroParisTech, l’Université de Paris-Saclay, UniLasalle, l’Inrae ou encore les chambres d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais, de l’Aisne, du Grand Est, des Deux-Sèvres et de Nouvelle-Aquitaine.

Des scénarios de leviers à activer

La méthode a été testée sur quatre sites pilotes diversifiés dans le Nord, l’Est et le centre-ouest de la France* mais sera opérationnelle sur tout le territoire. « Le prototype de l’outil a été créé au cours de la première version du projet entre 2013 et 2016, la seconde version qui vient de se clôturer a permis de l’améliorer, et de tester son appropriation par les acteurs locaux », précise Marion Delesalle, cheffe de projet chez Agro-Transfert. Après des échanges avec les acteurs du territoire, un diagnostic initial est réalisé. Des ateliers de concertation pour discuter des leviers envisageables à déployer sont organisés, comme par exemple la gestion des couverts d’interculture, le développement du semis direct, le changement de gestion des résidus de culture ou l’augmentation des surfaces en légumineuses. Leurs effets sont ensuite simulés et décortiqués, pour construire les combinaisons d’actions les plus propices au stockage du carbone et la réduction des émissions de GES, en fonction des caractéristiques du territoire. « Nous évaluons la faisabilité de ces leviers, avec l’objectif de réaliser un plan d’action cumulant plusieurs d’entre eux, pour alimenter notamment le volet agricole des plans climat air énergie territorial (PCAET) », poursuit Marion Delesalle.

Cinq étapes de diagnostic

Le diagnostic initial, réalisé sur une période moyenne de six mois, est le cœur de la méthode. Il permet de caractériser le système agricole du territoire, en cinq étapes : rotations et types de sol, teneur en carbone organique des sols, pratiques culturales, simulation des variations des stocks de carbone sur les trente prochaines années, calcul du bilan GES des systèmes de cultures. Pour cette dernière étape, les produits phytosanitaires et les émissions aval (stockage, transports) ne sont pas prises en compte. « Cela nous permet de définir les zones à stabiliser ou, au contraire, ayant un potentiel intéressant de séquestration, assure Marion Delesalle. Le bilan net que nous proposons est très apprécié des agriculteurs. » Résultat : pour les territoires pilotes, entre 25 et 50 000 combinaisons possibles ont été étudiées.

Adaptation pour le label bas-carbone

La méthode sera diffusée à partir du 1er janvier 2021. Mais les travaux ne sont pas terminés. « L’objectif de la seconde version de ABC’Terre était de fournir une version stabilisée de la méthode, mais elle va continuer à évoluer », résume Marion Delesalle. Des réflexions sont en cours sur une potentielle inclusion de la viticulture, mais aussi pour adapter la méthode au label bas-carbone en grandes cultures, ou encore pour davantage prendre en compte les recommandations du Giec. « Quatre référents, un pour chaque site pilote, existent actuellement, notre objectif est d’en former de nouveaux l’année prochaine », précise Marion Delesalle. Les partenaires ont par ailleurs pour projet de mettre en place un réseau d’experts, pour favoriser le partage d’expériences et le déploiement de la méthode. Un premier rassemblement devrait être organisé courant 2021. « Ce que nous voulions mettre en évidence c’est que travailler sur des moyennes n’est pas précis, tout l’enjeu d’ABC’Terre est de l’être pour pouvoir personnaliser les actions à mener », termine Marion Delesalle.

 

*Agglomération du Saint-Quentinois, Pays du Ternois, Pays Rhin Vignoble grand ballon, communauté de commune Thouarsais.