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Abeilles : progresser sur chaque facteur de stress

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« Santé des abeilles : impact de la co-exposition aux facteurs de stress ». Le colloque organisé par l'Agence nationale de sécurité sanitaire, Anses, à Paris le 30 novembre, a été l’occasion d’aborder en détail les moyens de limiter chacune des causes identifiées dans la mortalité des ruchers, dans l’idée de progresser sur tous les fronts.
Des exposés ont été consacrés à deux dangers majeurs pour les colonies : le frelon asiatique et le Varroa. Contrairement à l’abeille asiatique, qui a développé ses propres méthodes de défenses, l’abeille européenne est sans défense contre ces deux menaces. « Plus que les dégâts directs, le frelon, par sa présence, provoque un arrêt du butinage très préjudiciable », rappelle Claire Villemant, du Muséum d’histoire naturelle.  Alors que deux nids étaient détectés en France en 2004, ils dépassaient le millier en 2007, et plus de 70 départements sont aujourd’hui concernés en France. Plusieurs pistes de travail sont à creuser : des piégeages plus efficaces, de meilleurs moyens de détection, ou encore limiter l’effet stressant de la présence du prédateur sur les abeilles. Une collaboration européenne est également à l’ordre du jour : le frelon asiatique a été repéré en Espagne, au Portugal, en Italie, en Allemagne et épisodiquement en Belgique. La fiche méthodologique de reconnaissance du frelon asiatique a été traduite en treize langues par l’Anses.
Développer à sensibilité olfactive des abeilles pour détecter le Varroa
Les abeilles européennes n’ont pas non plus les bons réflexes pour faire face au Varroa. « Des études montrent cependant que certaines ruches d’Europe présentent une résistance, précise Yves Le Conte, chercheur à l’Inra d’Avignon. Les abeilles plus sensibles olfactivement repèrent le Varroa et développent une attitude hygiénique proche de celles des abeilles asiatiques, qui leur confère cette résistance. » La sélection génétique des individus présentant cette spécificité est une piste à retenir selon le chercheur. Autre axe de travail évoqué : des produits de lutte naturels contre le parasite pourraient voir le jour dans les années à venir.
Débat sur l’évaluation des produits phytopharmaceutiques Le thème des pesticides a été discuté en table ronde. Dans son rapport d’auto-saisine publiée en septembre, l’Anses suggérait de compléter les processus d’homologation des pesticides en prenant en compte les effets « cocktails » du produit évalué avec d’autres produits susceptibles d’atteindre les abeilles. « Un changement que nous jugeons indispensable, même s’il rendrait notre propre travail plus complexe », a insisté Gilles Salvat, directeur de la santé animale à l’Anses. Trop complexe, selon Ronan Vigouroux, responsable environnement à l’Union des industriels de la protection des plantes (UIPP). « Pour un seul dossier d’homologation, les combinaisons de produits à vérifier deviendraient très nombreuses, estime-t-il. Ce serait bloquant pour l’innovation dans le secteur des produits phytosanitaires. Les contraintes réglementaires ont montré leurs limites, il faut travailler ensemble sur tous les facteurs de stress. » Une position isolée parmi les autres intervenants et l’assistance.
Ruchers de références et traitements le soir : deux points d’accord
Point de consensus absolu, toujours issu du rapport de l’Anses : l’idée de construire des réseaux de ruchers de références par région de production. La question de l’hétérogénéité des données et des conditions d’une zone à l’autre étant un des problèmes pour le traitement des données à l’échelle nationale, des tels réseaux permettraient aux apiculteurs d’avoir un étalon comparable à leur propre situation. La généralisation des traitements phytosanitaires hors période de butinage, en soirée, a été également citée par plusieurs invités.