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AgriClimateChange : des leviers possibles pour une agriculture respectueuse du climat

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Les résultats du programme Agri Climate Change ont été dévoilés à Toulouse le 10 octobre à l’occasion de la conférence européenne « Vers une agriculture européenne respectueuse du climat : retours d’expérience et leviers d’action », organisée par l’association Solagro. Les données collectées depuis septembre 2010 ont montré un potentiel de réduction des émissions de GES, de 10  % pour les plus modestes à 40 % selon les configurations et selon les situations de départ des exploitants. Le projet, qui a obtenu un financement Life +, englobe quatre pays (Allemagne, Italie, Espagne et France), qui constituent les principaux émetteurs de gaz à effets de serre (GES) en Europe avec le Royaume-Uni et la Pologne, ainsi que 120 fermes dont 24 en France et cinq partenaires (Bodensee Stiftung, Comunita Montana, Fundacion Global Nature, Region de Murcia, et Solagro). Création d’un outil de diagnostic Comment le programme s’est-il déroulé ? Un diagnostic de consommations d’énergie directe et indirecte ainsi que d’émission de GES (CO2, CH4 et N2O) a été réalisé par un technicien pour chaque exploitation par le biais de l’outil ACCT, pour AgriClimate Change Tool, créé dans le cadre de ce programme et qui reprend les outils Planete et Diaterre. Un point de départ qui a ensuite permis de mettre en place des plans d’actions et de consolider les données par type de produits (voir encadré). « De manière générale, les agriculteurs sont plus motivés par des réductions d’énergie que de GES, en raison du gain économique », indique Madeleine Charru, directrice de Solagro. Les principaux freins sont d’ordres économiques et techniques : absence d’aides, prix des céréales élevés non incitatifs à une réduction des excédents azotés, conseil insuffisant, prise de risque trop élevé. L’évolution des pratiques culturales, un des meilleurs leviers Les solutions qui ont le mieux fonctionné et qui permettent les gains énergétiques et de GES les plus intéressants viennent essentiellement des pratiques culturales : l’équilibre de la fertilisation azotée, la réduction du travail du sol, la mise en place de systèmes herbagers type prairies et de couverts végétaux. Viennent ensuite, avec une efficacité moindre : l’introduction de légumineuses, les cultures intermédiaires, les énergies renouvelables, les économies d’énergies, la quantité et la nature des aliments concentrés, le pâturage, le séchage solaire des fourrages. Si les actions à mettre en œuvre pour réduire l’énergie et les GES ne dépendent pas toujours d’investissements, elles nécessitent un accompagnement par des conseillers. Pour diffuser les pratiques, les partenaires ont fait des propositions à la Commission européenne qui prépare actuellement son paquet énergie-climat pour 2030.

  • Consommation d’énergie et émission de GES par filière dans le réseau ACC
Fruits : 38 % de la consommation d’énergie vient de l’électricité alors que les produits phytosanitaires pèsent pour12 %. Au niveau des GES, les machines mobiles concernent 22 %, 14 % pour les pesticides. Légumes sous serre : les principaux enjeux énergétiques sont le fioul (25 %), la fabrication des serres (23 %), les engrais (15 %) qui passent en tête si l’on prend en compte les GES. Légumes de plein champ : la fertilisation est le principal poste de consommation d’énergie (44 %) qui se reflète aussi au niveau des GES (80  % en prenant en compte les émissions des sols). Vigne : le fioul (39 %) et le conditionnement (28 %) font partie des plus forts enjeux de la consommation énergétique. Les engins agricoles pèsent pour 37 % des émissions de GES, et le conditionnement pour 36 %. Grandes cultures : le fioul (36 %) et les engrais minéraux (35 %) sont les postes les plus énergivores. L’impact des GES est très lié à la fertilisation avec 67 % des émissions totales. Bovin lait : le fioul (25 %), les achats d’aliments (23 %) et l’électricité (18 %) sont les trois postes principaux de la consommation énergétique. 44 % des GES vient de la fermentation entérique. Bovin viande : la consommation énergétique des exploitations vient du fioul (36 %) et des achats d’aliments (14 %). 44 % des GES proviennent des déjections animales et 30 % de la fermentation entérique. Volailles : les achats d’aliment (19 %) arrivent en tête des postes énergivores, responsables de 37 % des GES. Photos : S.Ay.