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Agriculteurs et changements de pratiques : des revendications d’autonomie

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La perception et les conditions d’acceptabilité des transformations professionnelles des agriculteurs ne doivent pas être analysées sous l’angle unique de la résistance au changement car les producteurs sont dans des logiques d’adaptation quasi-permanente. Telle est l’une des conclusions du projet de recherche Sophy mené par l’Université François-Rabelais de Tours, en partenariat avec les Chambres d’agriculture, des structures interprofessionnelles et des coopératives. Des entretiens réalisés auprès de producteurs de cinq filières agricoles (grandes cultures, viticultures, maraîchage, arboriculture, horticulture) présentes en région Centre ont mis en évidence que le niveau d’autonomie perçu ou réel, sa quête ou reconquête, semble constituer le facteur le plus favorable au changement. Pour une meilleure acceptabilité, les professionnels doivent se sentir associés au processus de co-construction des évolutions. Le sentiment de disposer de marges de manœuvres restreintes est partagé par l’ensemble des agriculteurs rencontrés lors du projet de recherche. Ces derniers évoquent la multiplication et l’empilement des contraintes réglementaires, le poids des procédures technocratiques, l’éloignement et la centralisation des pôles de décision. Des changements en profondeur Mais les agriculteurs sont, dans leur très large majorité, dans une dynamique de changement, qui peut être attribuée aux contraintes institutionnelles et politiques, mais aussi à une volonté de se réappropier des marges de manœuvre. Le passage vers des pratiques alternatives est le résultat d’une réflexion longuement maturée et se fait silencieusement. Les agriculteurs observent, se renseignent, s’inscrivent dans des réseaux, expérimentent pendant plusieurs années avant de se lancer. Car ces changements profonds impactent les techniques, les compétences professionnelles et les systèmes de valeurs et engagent l’exploitation sur plusieurs années. La perception de l’innovation est dépendante de l’évaluation du rapport entre investissement nécessaire (en temps, en matériel, en argent), risques encourus (économiques, techniques, agronomiques, sociaux) et bénéfices escomptés sur une échelle de temps plus ou moins importante. Lien vers le document : Enquête Centre.