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Agrivoltaïsme, FNSEA, EDF et APCA réunis autour d’une charte commune

Le | Projets-territoriaux

Alors que l’agrivoltaïsme fait de plus en plus parler de lui, la FNSEA, les chambres d’agriculture et EDF Renouvelables ont signé, le 19 janvier 2020, une charte de bonnes pratiques pour encadrer son développement. L’enjeu de la préservation du foncier a été vivement rappelé.

Agrivoltaïsme, FNSEA, EDF et APCA réunis autour d’une charte commune
Agrivoltaïsme, FNSEA, EDF et APCA réunis autour d’une charte commune

« Notre souhait est de développer l’agrivoltaïsme tout en protégeant le foncier agricole, en assurant la souveraineté alimentaire et en produisant de l’énergie renouvelable, qui est un des défis des décennies à venir, tout en levant les craintes », résume Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Son homologue à l’APCA, Sébastien Windsor, et le PDG d’EDF Renouvelables, Bruno Bensasson, ont signé avec elle, le 19 janvier 2020, une charte de bonnes pratiques « pour développer et mieux encadrer les projets photovoltaïques au sol sur terres agricoles ». Face au foisonnement d’initiatives, les partenaires, dont les discussions sur le sujet avaient débuté en 2018, ont souhaité poser les grandes lignes d’un développement de l’agrivoltaïsme plus ordonné. « Un certain nombre d’acteurs de territoires avancent très vite sur le sujet, il nous est apparu utile de faire cette charte pour assurer un développement fluide et l’acceptabilité sociale de ces projets », précise Christiane Lambert.

L’enjeu du foncier agricole

La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pose l’objectif de multiplier jusqu’à quatre fois la capacité de l’énergie solaire photovoltaïque en France au cours de la prochaine décennie (objectif de 35,1 GW à 44 GW de capacités installées en 2028, pour 10 GW en service aujourd’hui).  « Actuellement, 13 % de l’offre solaire se trouve en terrain agricole, précise Bruno Bensasson. Je ne sais pas si la proportion restera la même, mais si l’on veut produire 30 gigawatt en plus, en prenant l’hypothèse que la moitié sera au sol, cela nécessitera au moins 15 000 hectares*. » Les pressions pesant sur le foncier agricole sont d’ailleurs une des priorités principales des partenaires agricoles dans la rédaction de cette charte. « Dans mon département de Seine-Maritime, 1500 ha disparaissent tous les ans, à ce rythme il n’y aura plus d’hectares agricoles dans 250 ans, alerte Sébastien Windsor. Il y a un besoin impérieux de freiner la consommation de foncier et donc de trouver des voies intelligentes, compatibles avec la production agricole, pour produire de l’énergie. La suppression d’hectares est une ligne rouge que nous ne voulons pas franchir. » Dans ce sens, la mise en place d’ombrelles produisant de l’énergie tout en protégeant les cultures, est considérée avec intérêt, des expérimentations sont notamment menées par les chambres d’agriculture.

Éviter les effets opportunités

Le photovoltaïque peut représenter un complément de revenu non négligeable : jusqu’à 3000€/ha/an dans certains cas. Alors que la situation économique du secteur agricole est dans certaines filières très tendue, les partenaires veulent également, à travers leur charte, prévenir les effets d’opportunités. « Il peut y avoir la tentation de convertir totalement au photovoltaïque une partie des surfaces, nous devons bien réguler les projets, indique Sébastien Windsor. Je pense que cela peut aussi être intéressant que ça ne soit pas toujours les agriculteurs qui investissent, des entreprises peuvent aussi se lancer. Le photovoltaïque peut aussi être une opportunité économique, pour l’agriculteur, de mettre en place de nouveaux projets. » La charte insiste enfin sur la réversibilité totale des projets et la remise en état des terrains après démantèlement de l’installation.

Le Groupe EDF a pour objectif, à travers son Plan solaire, d’avoir 30 % de part de marché d’ici à 2035.

 

*1ha = 1 MW