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Algues vertes : les agriculteurs montrés du doigt

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«  Les agriculteurs sont dépités », explique Yves-Marie Beaudet, président du comité agricole Cap Bretagne. Après la mort de plus de trente sangliers dans la baie de Saint-Brieuc, sur la commune de Morieux, la pollution par les algues vertes, et donc la responsabilité du secteur agricole, a été montrée du doigt, notamment par les médias et les associations écologistes. « Or, nous n’en savons rien, poursuit Yves-Marie Beaudet. J’appelle à la prudence » Le 27 juillet, lors de sa rencontre avec le maire de Morieux, Jean-Pierre-Briens, le président de la Région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, a également indiqué qu’il ne fallait pas prendre parti et attendre les résultats des autopsies qui seront connues dans les prochaines semaines. Trois hypothèses Trois hypothèses sont actuellement étudiées : l’empoisonnement volontaire, la pollution par des cyanobactéries présentes dans une retenue d’eau en amont de la baie, et l’intoxication par les algues vertes. « C’est un territoire classé Natura 2000, où il n’y a aucun contrôle de population de sangliers et les riverains peuvent être excédés par ces animaux », explique Jean-Paul Hamon, responsable environnement à la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, qui toutefois ne prend aucune position. Pour Gilles Huet, d’Eaux et rivières de Bretagne, qui reconnaît que pour l’heure il n’y a que des suspicions, « la piste des algues vertes est plausible, car il y en a beaucoup dans cette baie ». Quoiqu’il en soit, cette nouvelle affaire est un coup dur pour le monde agricole. « La profession en a marre, insiste Jean-Paul Hamon. Il y a des plages fermées en Bretagne et dans toute la France, du fait de la pollution urbaine et personne n’en parle ». Pour Yves-Marie Beaudet, le fait de « tirer à boulets rouges » sur la profession agricole décourage les exploitants. « Ils sont systématiquement montrés du doigt, explique-t-il. Or, nous venons de tomber d’accord sur un plan algues vertes, avec des associations environnementales, qui doit démarrer à l’automne. Dans ce contexte, il va être difficile de motiver les agriculteurs ». Des résultats transparents Pour Nadège Rossi, chargée d’étude au Centre d’étude et de valorisation des algues (le Ceva), « seule la détection d’hydrogène sulfuré inhalé validera la responsabilité des algues vertes dans la mortalité de ces sangliers ». Jean-Pierre-Briens a demandé que les résultats des autopsies soient rapidement connus et qu’ils soient communiqués en toute transparence. « Cela n’isole toutefois pas le problème des algues vertes en Bretagne, a-t-il indiqué. La Région poursuit son travail pour éradiquer le phénomène ».