Barrage de Caussade : de Rugy hausse le ton et envisage une alternative
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Le serrage de vis de François de Rugy semble n’avoir pas impressionné la délégation de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, qu’il a reçu le 14 février. Au cœur de l’échange : le projet de retenue d’eau sur le ruisseau de Caussade, à Pinel-Hauterive. Ce dernier, contesté par de nombreuses ONG environnementales, avait été autorisé par la préfecture du Lot-et-Garonne en juin 2018, avant que celle-ci ne revienne sur sa décision à l’automne.
Alors que les travaux ont démarré, le ministre de la Transition écologique et solidaire s’est voulu ferme, condamnant et qualifiant « d’inacceptable la méthode du coup de force employée en toute illégalité » par les constructeurs. Il évoque, dans un communiqué daté du jour-même, « un signal particulièrement négatif aux pouvoirs publics dans un moment où ils travaillent pourtant à apporter aux agriculteurs des solutions équilibrées pour le stockage de l’eau ».
Une mission commandée pour trouver une alternative
Pas de quoi impressionner Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne. Contacté par Référence environnement, il affirme : « Le ministre peut rappeler à l’ordre qui il veut, l’erreur à la base vient de chez lui ! » Et de rappeler que l’arrêté validant le projet avait été signé le 29 juin 2019 « en lien étroit avec les services du ministère ». « Si l’annulation était intervenue trois jours après, nous aurions pu comprendre, déplore-t-il. Mais il a fallu attendre deux mois et demi… » Une latence qu’il attribue à la dimension « très politique » de cette annulation. « Le préfet de la région Aquitaine m’affirme qu’il n’y a pas de problème technique dans notre dossier, complète-t-il. Il évoque une proximité trop grande, dans le temps et dans l’espace, avec Sivens… »
Pour tenter de sortir du conflit, François de Rugy a annoncé qu’une mission d’inspection conjointe aux ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique et solidaire serait commandée, afin d’étudier la construction d’une solution alternative au projet, satisfaisant les agriculteurs et les ONG environnementalistes. Serge Bousquet-Cassagne se veut confiant et veut croire que cette alternative restera proche du projet initial : « Ils ne trouveront pas grand-chose à redire sur notre dossier, qui a été bien ficelé. » Ce projet de retenue de quelque 900 000 mètres cube doit permettre à 27 agriculteurs locaux d’irriguer leurs cultures.