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Bassin Seine-Normandie, des progrès trop fragiles sur l’état des cours d’eau

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Réalisé tous les cinq ans, l’état des lieux 2019 de l’Agence de l’eau Seine-Normandie a été approuvé par le comité de bassin le 4 décembre. Celui-ci fait état d’une augmentation de 8 % du nombre de cours d’eau en bon état écologique entre 2013 et 2018. La quantité des cours d’eau dégradés a quant à elle baissé de 5 %, alors même que l’activité sur le bassin a augmenté, comme en témoigne l’évolution du PIB (+7,6 %).

« C’est la preuve que les efforts paient là où ils sont menés sur les territoires, notamment sur la réduction des macro-polluants, sur la restauration de l’hydromorphologie des rivières ou la modernisation des systèmes d’épuration », a commenté Patricia Blanc, directrice générale de l’agence de l’eau Seine-Normandie. 32 % des cours d’eau sont ainsi en bon état ou très bon état écologique. 41 % sont en état écologique moyen.

De fortes pressions exercées par les pesticides

Si les pollutions domestiques ont fortement reculé, grâce à la modernisation des stations d’épurations, d’autres résultats viennent entacher ces premiers chiffres encourageants. En cause, notamment, « [l’omniprésence] des produits phytosanitaires dans la très grande majorité des cours d’eau et eaux souterraines ». Une pression en augmentation depuis 2008, souligne le document : près d’un tiers des cours d’eau et 61 % des masses d’eau souterraines se trouvent en pression significative du fait des pesticides. Les nitrates pèsent également lourd sur l’état des cours d’eau. 42 % des masses d’eau souterraines sont aujourd’hui concernées par cette problématique et depuis 2013, le nombre de cours d’eau dégradés par les nitrates a plus que doublé.

Objectif 2027 difficile à atteindre

Un bilan qui remet en cause l’atteinte de l’objectif fixé par la Directive cadre sur l’eau, de 100 % des masses d’eau en bon état écologique en 2027. D’autant plus que l’augmentation de la population et le réchauffement climatique vont accroître les pressions exercées sur la ressource en eau. Les besoins en irrigation, par exemple, devraient augmenter. « Les experts estiment que si nous n’engagions plus de nouvelles actions de protection des eaux, le taux de masses d’eau en bon état chuterait à 18 % en 2027, contre 32 % aujourd’hui », précise le document. Le défi à relever n’est donc pas des moindres pour le futur Schéma directeur d’aménagement et des gestion des eaux (Sdage), actuellement en construction pour la période 2022-2027.

Le comité scientifique du bassin conseille de favoriser la recharge des nappes du bassin pour y avoir davantage recours, de privilégier la sobriété en eau, de choisir des cultures adaptées aux futures situations de sécheresse. Depuis octobre, le bassin a mis en place un dispositif de paiements pour services environnementaux (PSE), pour rémunérer les agriculteurs mettant en place des pratiques de réduction des nitrates.