Bien-être animal, un projet d’abattage à la ferme dans les clous de la réglementation
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L’abattage à la ferme pourrait devenir une réalité. Actuellement interdit, des éleveurs de Loire-Atlantique et de Vendée ont imaginé un dispositif le rendant possible. Ils ont obtenu l’aval de la DGAL. Objectif : améliorer le bien-être des animaux, préserver les élevages, et assurer l’alimentation des territoires en produits locaux.
Le Conseil d’administration de l’association Aalvie, Abattage des animaux sur leur lieu de vie, a présenté le 7 juillet un projet d’abattage à la ferme à la Chevrolière, près de Nantes. Une première en France. Le moment de l’abattage peut être un facteur de stress et de douleurs pour les animaux d’élevage qui sont séparés de leur lieu de vie et transportés parfois longtemps en raison de la disparition des abattoirs de proximité. « Nous sommes avant tout motivés par la volonté de pouvoir accompagner jusqu’au bout les animaux qui sont nés et élevés sur nos fermes et dont nous avons pris soin, explique Guylain Pageot, éleveur en Loire-Atlantique, un des porteurs du projet. C’est une façon de leur marquer notre respect et de réduire fortement le stress lié à ce moment. »
Relocalisation de l’agriculture
Sur la Loire-Atlantique et la Vendée, les abattoirs de proximité ont disparu : il n’est pas rare que les agriculteurs doivent faire 150 kilomètres pour amener les animaux à l’abattoir. « Le projet vise également la préservation des élevages et des outils industriels de proximité, dans le cadre de la reterritorialisation de l’agriculture », poursuit-il. L’association, lancée il y a un an, regroupe 150 éleveurs de l’ensemble des mouvements agricoles : FNSEA, Confédération paysanne, Coordination rurale, Groupement d’agriculture biologique, Civam, etc. Les chambres d’agriculture et le syndicat des vétérinaires ont apporté un soutien technique au projet.
Un rayon de 60 kilomètres maximal
Si l’abattage à la ferme est une pratique interdite en France, le projet a pourtant reçu l’aval de la DGAL. Comment le dispositif a-t-il réussi à entrer en phase avec la réglementation ? Les éleveurs et leurs partenaires ont imaginé un dispositif d’un caisson mobile relié à un abattoir de proximité. Ainsi, l’animal est étourdi dans la ferme, ce qui est autorisé, puis saigné dans le caisson. Or, ce dernier est considéré comme le prolongement de l’abattoir et répond aux normes sanitaires requises. La vingtaine de caissons reliera les fermes à deux abattoirs, qui doivent être construits, dans un rayon de soixante kilomètres. Les éleveurs ont fixé un temps maximal d’une heure entre la mise à mort et l’arrivée à l’abattoir, alors que la réglementation permet un laps de temps de deux heures.
Appel aux dons via Miimosa
Pour soutenir le projet, Aalvie lance un appel aux dons via la plateforme participative Miimosa. Elle espère atteindre un million d’euros. « Aucun abattoir mobile n’existe en France : les donateurs soutiendront un test qui pourra être dupliqué dans d’autres régions françaises », justifient les éleveurs. Sept millions d’euros seront ensuite nécessaires pour mener à bien le projet. L’association espère obtenir des financements des collectivités et d’acteurs du privé. Le dispositif pourrait être opérationnel en septembre 2021.