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Bio-insecticides : les Bt méritent d’être redécouverts

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Le colloque organisé le 15 octobre à Montpellier par la firme Certis était l’occasion de faire le point sur les insecticides dits Bt , ceux qui utilisent les propriétés de Bacillus thuringiensis. Cette bactérie libère un cristal, toxique pour les larves de lépidoptères en cas d’ingestion. Les produits composés de Bt peuvent être utilisés dans de nombreux cas, mais ils n’ont peut-être pas convaincu tous les utilisateurs potentiels. Car les bio-insecticides ne sont pas réservés aux seules luttes intégrée ou biologique ! Explications. 17 spécialités à base de Bacillus thuringiensis sont aujourd’hui autorisées, sur de nombreuses cultures, dont le riz, la vigne, des arbres fruitiers, diverses cultures légumières, forestières, et ornementales. Ils permettent de lutter, par exemple, contre les noctuelles, les teignes, la piéride du chou, les pyrales, les tordeuses… En France 30 à 40 000 ha de forêts seraient traités avec ces solutions, 25 à 30 000 ha de vergers, 813 000 ha de vigne. Et les cultures légumières devraient y recourir de plus en plus, suite à l’évolution de la réglementation. Des produits peu rémanents Le premier avantage des Bt, en particulier du Delfin, est d’agir sur toute une gamme de lépidoptères, tout en préservant les autres organismes vivants. Ils sont donc utilisables dans le cadre d’une lutte intégrée ou biologique. Sensibles aux UV, ces produits sont dégradés rapidement et sont compatibles avec des délais avant récolte courts. En contrepartie, les traitements sont préconisés en fin de journée, lorsque la luminosité décroît. Selon Certis, on ne connaît pas aujourd’hui, de résistance aux Bt en Europe. Constatées dans d’autres zones, où leur utilisation était massive, les résistances ont été contournées en appliquant, en alternance, des insecticides Bt produits à partir des différentes souches de la bactérie. Davantage de technicité Ces produits demandent pourtant une technicité et une attention particulières. « Le positionnement de l’application est un paramètre crucial », explique Mike Dimock, directeur technique de Certis USA. Le Delfin est efficace sur les larves et aux stades les plus juvéniles. Il faut donc établir un calendrier et traiter à chaque éclosion. « Il y a plus d’observations, donc le travail est plus long », reconnaît Jean-Louis Sagnes, conseiller technique arboriculture à la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne. Etant toxique par ingestion et non par simple contact, une pulvérisation bien homogène est par ailleurs nécessaire. Reste aussi la question de la valorisation, sur le marché, des productions qui recourent aux bio-insecticides. « Utiliser moins d’intrants chimiques, ça n’a pas particulièrement de valeur aux yeux du consommateur » explique Stéphane Sorin, chef de projet recherche et développement du programme agriculture écologiquement intensive à la coopérative Terrena. Pourtant, dans la situation actuelle d’évolution de la réglementation et de hausse de la pression des ravageurs, les produits alternatifs devraient se développer. Les bio-insecticides ont aussi leur place dans les productions conventionnelles Témoignage de Philippe Lespinasse, responsable développement culture légumière coopérative CAPL. « Suite à la disparition du lannate, que nous utilisions quatre fois par an pour lutter contre la noctuelle de la tomate, nous réalisons maintenant deux applications de Delfin en mélange avec une pyrèthre de synthèse (PDS) puis deux applications de Steward. Cette solution maintient, jusqu’à la récolte, une pression moyenne et acceptable en termes d’impact commercial. Le Delfin renforce l’efficacité des PDS sur les jeunes larves et pallie au délai d’intervention avant récolte. »