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Centre : quatre rapports pour recadrer le plan Ecophyto

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Le prochain comité régional d’orientation et de suivi (CROS) du plan Ecophyto du Centre se tiendra le 26 novembre. Quatre rapports publiés récemment seront présentés aux parties prenantes du plan régional. Il s’agit tout d’abord du rapport de Marion Guillou sur l’agro-écologie. «  Ce rapport insiste sur l’importance de travailler ensemble au niveau local avec une démarche plus intégrée, indique Vincent Hébrail, chef du pôle Santé & qualité des végétaux à la Draaf. Il montre qu’il faut aller au-delà des adaptations à la marge sans tout changer de fond en comble. Les GIEE, groupes d’intérêts écologiques et économiques, devraient aller dans ce sens. »

Les acteurs discuteront également des rapports sur la fiscalité écologique, sur l’évolution du conseil, et sur l’impact des produits phytosanitaires sur la santé publié par l’Inserm. Un regard critique sur les BSV La Draaf présentera également lors du CROS les résultats de deux études internes. La première a eu pour objectif d’analyser la prise en compte des bulletins de santé du végétal (BSV) dans les bulletins de préconisation. « Sur la campagne 2011-2012 en grandes cultures, nous avons pu constater que les BSV étaient bien utilisés dans les préconisations », poursuit Vincent Hébrail. Quant aux conseils, ils diffèrent d’un organisme à un autre. « Certains bulletins techniques sont surtout axés sur la sensibilisation, tandis que d’autres relèvent d’une stratégie de traitement préétablie, explique-t-il. Il faut lutter contre ce dernier type de conseil, qui n’incite pas l’exploitant à l’observation ni à réaliser une analyse de risque. C’est l’objectif du nouvel agrément conseil ». La deuxième étude a trait aux seuils de nuisibilité. « Les seuils pour de nombreux bioagresseurs ont été déterminés dans les années 1950 à 80, sur des variétés et des produits qui n’ont plus cours aujourd’hui, et sont donc obsolètes. Ils sont rarement reconnus par les professionnels agricoles, alors que les organismes de conseil fondent leur analyse de risque dessus. Il est capital de mener des travaux fondamentaux et expérimentaux sur ces seuils. De plus, la limite entre seuil de nuisibilité type BSV et seuil de tolérance économique n’est pas toujours nette. » Dephy Expé : des résultats encourageants Comme pour toutes les régions, le Centre aura été marqué par l’opération « journées portes ouvertes sur les réseaux de fermes Dephy » de 2013. S’il est trop tôt pour disposer de résultats synthétiques et globaux sur les réseaux Ferme, le projet Dephy Expé « Hortipot » en horticulture, commence à capitaliser des informations. Il se fonde sur l’intégration de plantes hôtes pour attirer des auxiliaires ou des ravageurs, comme l’implantation de plants d’aubergines pour lutter contre les pucerons. Sur les Certiphyto, au 12 septembre 2013, 20200 professionnels ont été diplômés, dont 15000 agriculteurs. La Draaf estime à 35 000, avec les collectivités, le nombre de certiphytos qui devront être délivrés dans le Centre. Les indicateurs : une note de suivi régionale Sur la partie indicateurs, la Draaf Centre a publié en 2013 une note de suivi régionale sur la période 2008-2012, avec des données de contexte d’utilisation des produits phytos. « Nous n’avons pas d’indicateur régional de l’utilisation des phytos mais on peut supposer que celle-ci a augmenté vu le contexte parasitaire et économique. Cependant, nous avons la preuve de l’engagement des professionnels dans les différents dispositifs de réduction des intrants. Toutefois, tant qu’il n’y aura pas de contraintes fortes comme celles que propose le projet agro-écologique de Stéphane Le Foll, la baisse significative des pesticides aura du mal à se faire. » Vincent Hébrail cite les dispositifs qui pourraient aller dans le bon sens : l’augmentation de la taxe sur les ventes de produits phytosanitaires avec redistribution aux démarches vertueuses, ou encore une séparation plus stricte entre le conseil et la vente. « Pour nous, un point de blocage important à plusieurs niveaux est l’indice de fréquence de traitement (IFT), seul indicateur utilisé à l’échelle de l’exploitation. Or, on constate l’homologation de produits à fortes doses, et qui ne sont jamais appliqués à pleine dose, ce qui crée l’illusion d’une baisse d’IFT lorsqu’on les utilise. Avec ce type d’artifice, si on impose un IFT réglementaire, on arrivera facilement à 50 % de baisse sans pour autant avoir réduit la quantité de matière active reçue par l’environnement. »