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Chambres d’agriculture et climat : changer de pratiques aujourd’hui pour des résultats futurs

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Modifier et adapter les pratiques agricoles aujourd’hui, pour obtenir des résultats seulement dans plusieurs années… C’est l’une des problématiques abordées lors de la journée « L’agriculture face au changement climatique », organisée le 19 novembre par l’Ademe et les Chambres d’agriculture. Retour sur les enjeux et pistes de travail mises en lumière. « Quelles que soient les mesures prises aujourd’hui, elles n’auront pas d’effet significatif avant 2040. Difficile de mobiliser des agriculteurs sur l’enjeu  »changement climatique« , dans la mesure où beaucoup d’entre eux ne seront même plus actifs à ce terme. » Ce postulat, exprimé par Frédéric Levrault, chargé de programme innovation à la Chambre régionale d’agriculture de Poitou-Charentes, pose un aspect important de la complexité de la problématique du changement climatique et sa prise en compte par le monde agricole. Pour faire le lien entre les préoccupations annuelles de l’agriculture et les évolutions à insuffler en vue du long terme, les élus agricoles ont un rôle-clé, selon Frédéric Levrault. Les mondes agricole et scientifique doivent également co-construire et entretenir un dialogue régulier, compte tenu de leurs fonctionnements différents en termes de chronologie. Mettre en lumière les effets actuels du climat sur l’agriculture Une des pistes de sensibilisation auprès des agriculteurs : mettre en avant les effets déjà avérés du changement climatique sur l’agriculture. Si l’exemple le plus cité est l’avancée des dates de vendanges, d’autres exemples concrets existent. Commentant le plafonnement des rendements du blé tendre depuis les années 2000, ou la date de semis du maïs grain, qui devient plus précoce de 6,5 jours tous les dix ans, Frédéric Levrault, précise que « ce n’est pas une superposition opportuniste de courbes statistiques, il y a bien des rapports entre le climat et ces tendances. » « En 39 ans sur mon exploitation, le semis de betterave en sortie d’hiver, qui nécessite un sol réchauffé, a été avancé de presque un mois, tandis que la récolte du blé, qui se fait quand le grain est bien sec, est passée du 18 août au 30 juillet », abonde Louis Ringo, céréalier dans le Nord-Pas-de-Calais. Ne pas se focaliser uniquement sur les problèmes hydriques Ces exemples montrent aussi la diversité des influences du climat sur l’activité agricole. « Très souvent, seule l’eau est mise en avant quand on aborde le réchauffement climatique. Ce serait une erreur de se focaliser sur ce sujet », confirme Frédéric Levrault. D’autres aspects techniques nécessitent pourtant attention et adaptation : le démarrage de la végétation, la durée de levée de dormance en arboriculture, l’échaudage thermique, les problèmes de floraison ou plus simplement la détérioration de la qualité des produits agricoles… « Les enjeux sont nombreux, et pour mieux les appréhender, les Chambres doivent jouer sur le réseau pour partager outils et méthodes, pour construire une expertise la plus complète possible », conclut Frédéric Levrault.