Climalait : l'élevage de 2050 face au changement climatique
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Un an après la Cop 21, et quelques jours après le One Planet Summit, l’objectif de maintenir la hausse de température à 2 °C semble s’éloigner de plus en plus. Dans ce contexte, Jean-Christophe Moreau, chercheur à l’Institut de l’élevage, a présenté mardi 12 décembre les premiers résultats de Climalait. Soutenu par le Cniel, l’interprofession laitière, ce projet lancé en 2015 porte sur l’étude de l’évolution du climat et son impact sur les exploitations laitières à l’horizon 2050.
Un scénario d’évolution du climat a été choisi, le « RCP 8,5 », projection la plus pessimiste de changement climatique qui conserve la trajectoire actuelle de hausse des températures. Il a été appliqué à une trentaine de zones du territoire, des unités laitières agroclimatiques, où a été mesuré l’impact de ces changements sur les cultures : prairies, maïs, luzerne.
Un creux de production d’herbe à l’été
Dans le Doubs, où la prairie domine, l’herbe se développe plus tôt et plus abondamment au printemps. « En revanche, l’été est marqué par une grosse dépression. 10 à 20 kg de matière sèche par hectare et par jour, c’est très peu », alerte Jean-Christophe Moreau. Dans le Béarn, deux pics de production d’herbe se distinguent nettement : le printemps et l’automne, avec entre les deux, un creux de production très fort durant l’été. « La luzerne pourrait tirer son épingle du jeu en gagnant une à deux coupes, puisque la première serait plus précoce d’un mois environ », estime Jean-Christophe Moreau.
Dans le Caux, les variations sont moins flagrantes, avec légèrement moins d’herbe en saison estivale. « Les rendements de maïs pourraient augmenter, sachant qu’il s’agit de régions déjà très productives. Mais la récolte pourrait être avancée au 20 août avant la fin du siècle, ce qui ouvre la possibilité à de nouvelles pratiques, comme le dérobé », explique Jean-Christophe Moreau.
Confronter les agriculteurs aux résultats pour trouver des solutions
Les conclusions des simulations sont actuellement présentées aux agriculteurs des régions étudiées, dans le but d’identifier les conséquences sur leurs systèmes et construire avec eux des solutions d’adaptation. À l’issue de ces travaux, une fiche de synthèse d’une dizaine de pages est prévue pour chaque territoire.
Les premières ont été rédigées en octobre et l’ensemble devrait être disponible d’ici à l’été 2018. « Les agriculteurs s’attendaient d’abord à pire », constate Céline Marsollier, de la Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire. Elle a utilisé un jeu de plateau sur l’adéquation offre et demande de fourrages, le Rami fourrager, pour aborder ces résultats sur le secteur des Mauges, avec une dizaine d’éleveurs de la commission lait de la Chambre. Les solutions envisagées concernent la taille du troupeau, la possibilité de produire du maïs grain et fourrages pour constituer des stocks, ou d’opter pour des prairies multi-espèces pour augmenter les rendements.
« Les éleveurs réfléchissent aussi à l’aménagement de leurs bâtiments pour l’été, aujourd’hui adaptés à l’hiver », témoigne la chargée de mission. Car la hausse des températures engendre aussi un stress thermique pour les animaux, avec des conditions d’élevage plus chaudes et plus humides. « Dans le Béarn, la moitié de l’été sera concernée par cette évolution », souligne Jean-Christophe Moreau.