Conférence environnementale : perturbateurs endocriniens mis à l’index mais pas l’agriculture
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La troisième Conférence environnementale, les 27 et 28 novembre à Paris, a permis aux quatorze ministres, parlementaires, acteurs économiques, scientifiques et mouvements associatifs de tracer une « feuille de route » pour la France en 2015 sur la voie de la transition écologique. « L’agriculture a été, pour une fois, bien traitée », a confié à la fin des travaux Chritiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, à Référence environnement. Elle a notamment souligné que « désormais, la contribution du secteur agricole à la lutte contre le réchauffement climatique et à la préservation de la biodiversité [était] reconnue » ! Même satisfaction de la part des chambres d’agriculture. « Nous ne sommes plus stigmatisés et nous avons eu un discours constructif avec les associations environnementales, s’est réjouit Didier Marteau, en charge des dossiers environnement à l’APCA. L’agriculture est vue comme une solution. » Laurence Tubiana, ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique et représentante spéciale de la France pour la conférence Paris Climat, en décembre 2015, a d’ailleurs tenu à remercier les représentants du monde agricole lors de son compte-rendu de la conférence du rôle positif qu’ils ont joué durant les deux jours de débats. Miser sur le biocontrôle Si un consensus s’est dégagé pour réduire l’utilisation des pesticides, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a tout de même observé que les agriculteurs étaient des « acteurs économiques qui ont besoin de revenus » et qu’il n’était donc pas possible d’imposer « zéro pesticides ». Et d’enchaîner qu’il faut « miser sur le biocontrôle afin de réduire les utilisations de phytosanitaires. » De son côté, le Président François Hollande a annoncé, en ouvrant la conférence, que la France voulait aller « plus loin » dans l’interdiction des insecticides néonicotinoïdes. « Une grande attention doit être portée à la situation sanitaire des pollinisateurs », a-t-il ajouté en lien avec des pesticides et des perturbateurs endocriniens. Volontarisme européen La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, portera le dossier des perturbateurs endocriniens sur la table du Conseil des ministres e l’Environnement de l’Union européenne lors de sa prochaine réunion du 17 décembre. Elle a par ailleurs annoncé qu’elle allait demander à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de travailler à une définition - qui n’existe pas aujourd’hui - de ces substances chimiques soupçonnées de perturber les systèmes hormonaux. Bref, la France veut être une force de propositions au niveau européen dans ce domaine, selon la ministre. Grande cause nationale Le Premier ministre, Manuel Valls, a indiqué dans son discours de clôture que la lutte contre le dérèglement climatique serait déclarée « grande cause nationale » de l’année 2015. Dans le domaine de l’agriculture, plusieurs initiatives sont d’ores et déjà programmées. Le climat sera notamment en haut de l’affiche lors de la prochaine édition du Salon de l’agriculture. Une conférence sur le thème « agriculture climato-intelligente » aura lieu en mars à Montpellier. Et, un label agricole « sans carbone » est à l’étude. Par ailleurs, le gouvernement a décidé de prolonger pour trois années supplémentaires le crédit d’impôt pour les exploitations agricoles engagées dans l’agriculture biologique. Enfin, il appuiera la structuration de l’offre au niveau local pour la restauration collective et soutiendra les acteurs locaux par la diffusion d’un guide et l’organisation, dans chaque région, des réunions d’information, de mise en réseau et d’échanges d’expériences.