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Conseil stratégique, le Grand Est et la Nouvelle Aquitaine analysent la phase de test

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Avec la séparation de la vente et du conseil sur les produits phytosanitaires, les chambres d’agriculture devront procurer un conseil stratégique aux agriculteurs. La phase de test s’est finalisée à la fin 2020. L’heure est à l’analyse des résultats. Reportage dans le Grand Est et en Nouvelle Aquitaine.

Conseil stratégique, le Grand Est et la Nouvelle Aquitaine analysent la phase de test
Conseil stratégique, le Grand Est et la Nouvelle Aquitaine analysent la phase de test

Les chambres d’agriculture ont finalisé la phase d’expérimentation du conseil stratégique phytosanitaire, ou CSP, dans le cadre de la séparation du conseil et de la vente des pesticides, effective depuis le 1er janvier 2021.  La méthode a été testée auprès de 1185 agriculteurs dans toute la France.

Le jeu d’acteurs se met en place dans les régions

Dans le Grand Est, 107 exploitations ont participé à l’opération. Les conseillers ont travaillé sur la base d’une phase d’échange préalable puis d’un rendez-vous physique. L’heure est au dépouillement des résultats pour bâtir des outils fiables. « Avec le CSP, nous serons demain sur le champ concurrentiel, explique Nathael Leclech, responsable d’équipe agronomie - systèmes de production durable à la Chambre d’agriculture Grand Est. Il n’y a pas d’exclusivité des chambres. Tous ceux qui ne font pas de vente de produits phytosanitaires pourront délivrer un conseil stratégique, comme certaines coopératives et négoces, les centres de gestion…. Aujourd’hui, nous sommes dans le déploiement et le positionnement des acteurs. »

Selon lui, la difficulté sera de motiver les agriculteurs.  « Les premiers CSP se feront dans le cadre du renouvellement du certiphyto en 2023 pour lequel il sera obligatoire, explique-t-il. Les agriculteurs savent qu’ils vont devoir y aller mais ils vont attendre le dernier moment. » La Chambre veut éviter un engorgement dans deux ans. « Nous ne pourrons pas faire passer tout le monde au dernier moment, ajoute Nathael Leclech. Notre défi est de réussir à en mobiliser certains avant l’échéance de 2023. »

Développer une culture de services prend du temps

En Nouvelle Aquitaine, où vingt conseillers ont été formés et 199 tests réalisés sur toutes les filières, ce temps va être précieux pour peaufiner la méthode. « Nous avions des départements plutôt axés polyculture-élevage avec une moindre expertise sur les phytosanitaires ainsi que des cultures de prestation de services et de conseils très hétérogènes », explique Carine Tagliamonte, responsable de l’équipe Écophyto à la Chambre d’agriculture Nouvelle Aquitaine. Certaines zones travaillent avec des bulletins techniques très précis ou des tours de plaine déjà bien organisés. Alors que dans d’autres, la thématique est moins abordée. « Il faut du temps pour la montée en compétence de tous les conseillers et l’appropriation d’une culture de prestation de services », poursuit-elle. La phase de test a permis d’éprouver les outils de diagnostic et de conseil. Carine Tagliamonte note des « écarts de temps très importants d’un département à un autre et entre les conseillers, de quelques heures à deux jours ! »

Un nombre de CSP dépendant de la montée en puissance de la HVE

Dans les deux régions, la mise en place du CSP devrait provoquer une montée en puissance de la Haute valeur environnementale, dont les exploitations sont exemptes de CSP. « Nous voyons des coopératives inciter leurs adhérents à aller vers la HVE, reconnaît Nathael Leclech. Les deux vignobles du Grand Est devraient passer à 100 % en HVE : il y aura peu de CSP à faire. » Une évolution à prendre en compte pour organiser le travail des conseillers des chambres d’agriculture.  « Nous devons encore analyser le public qui aura besoin d’un conseil stratégique et proposer une offre spécifique par département », explique Carine Tagliamonte.