Covid-19, l’APCA veut renforcer les projets agricoles territoriaux
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Reconquérir la souveraineté alimentaire et reterritorialiser l’alimentation, c’est l’ambition du réseau des Chambres d’agriculture. Ces dernières ont rédigé deux documents pour relancer l’agriculture française après la crise du Covid-19, à court et moyen terme. Les principales mesures ont été détaillées lors d’une conférence, le 3 juin.
Face aux contraintes de déplacement liées au Covid-19, de nombreux consommateurs se sont tournés vers les circuits courts. Alors que le déconfinement et la reprise s’amorce doucement, le réseau des Chambres d’agriculture (APCA) a présenté deux documents pour relancer l’agriculture française, à court et moyen terme. « La question est de voir comment capitaliser et pérenniser les changements de comportements des consommateurs observés ces dernières semaines », explique Sébastien Windsor, le président de l’APCA. Si le document « court-terme » est consacré aux moyens pour permettre aux exploitations les plus touchées de se relever, celui à moyen-terme est attaché aux enjeux de souveraineté alimentaire et de relocalisation de l’agriculture. « Les chambres ont leur rôle à jouer mais les politiques publiques doivent aller dans le même sens que nous pour faciliter la relocalisation de l’alimentation », poursuit Sébastien Windsor. Une rencontre avait été organisée la veille, le 2 juin, avec la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, pour échanger sur ces enjeux.
Développer les projets de territoire
Plusieurs mesures sont listées pour atteindre ces objectifs. En ce qui concerne la reterritorialisation, l’APCA en appelle en déploiement des projets agricoles et alimentaires territoriaux. Dans le cadre de leur projet stratégique 2019-2024, les chambres ont pour objectif de rencontrer l’ensemble des collectivités territoriales pour définir des projets de territoire adaptés. Elles souhaitent également participer à la création de deux filières par département et par an, et atteindre 12 000 adhérents pour le réseau Bienvenue à la ferme. Le document note aussi l’ambition d’étendre l’objectif de 50 % de produits locaux et de qualité dans la restauration collective. Enfin, l’APCA souhaiterait voir modifier les règles de la commande publique, c’est-à-dire des appels d’offre, pour y inclure le critère de la proximité des approvisionnements. « Nous avions imaginé, avec Sébastien Lecornu, ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires du Salon de l’agriculture, mettre en place une expérimentation. Nous avons envoyé un courrier à Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, pour voir ce qu’il était possible de faire en fonction de la législation actuelle », précise Sébastien Windsor.
Soutenir les protéines végétales
L’APCA souhaiterait aussi soutenir plus amplement plusieurs filières, encore fortement dépendantes des importations. Dans le secteur des fruits et légumes, l’APCA pousse en faveur d’un plus grand étiquetage des produits ou de fixer à zéro les limites maximales de résidus (LMR) de phytosanitaires interdits en France pour les produits importés. Autre secteur à soutenir, celui des protéines végétales, pour tendre vers la souveraineté mais aussi renforcer l’utilisation des biocarburants. « Cette relocalisation n’a pas d’autre but que de faire de la proximité un critère d’achat aussi important que le prix, montrer que l’approche de l’alimentation peut passer par autre chose que le budget », explique le président de l’APCA. Surtout, ces plans doivent permettre d’éviter « une marche arrière totale », une fois l’impact de la crise passée. Des efforts qui devront néanmoins être soutenus, par les politiques publiques françaises mais aussi européennes, à travers la Pac. Dans ce sens, les chambres en appellent à une sanctuarisation du budget européen dédié à l’agriculture, et à ce que l’ensemble de ces mesures soient inscrites dans les plans stratégiques nationaux.